Avec ce film, Claude Miller entreprend de définir le désir dans ce qu'il comprend de psychologie, voire de psychanalyse. Le mérite du cinéaste est d'avoir su évoquer son sujet et le mettre en scène sans pudibonderie -on trouve des scènes particulièrement indécentes- mais sans complaisance dans la graveleux.
Illustrant le propos, il s'agit de la rencontre entre un soixantenaire (JP Marielle) qui cherche à s'offrir une dernière émotion sexuelle, un dernier plaisir, moins par lubricité d'ailleurs que par une forme de désespoir, et une jeune femme énigmatique et solitaire, laquelle semble, de son côté, rêver ses désirs et ceux qu'elle aimerait inspirer aux hommes par l'exhibitionnisme. La mise en scène est élégante et presque irréaliste suivant le ton insolite que lui donne Miller.
L'amertume mais la fantaisie, la sensualité provocante mais le refus de la pornographie, l'acte voluptueux mais culpabilisateur, démontrent la dualité du désir. Rien qu'on ne méconnaisse en définitive dans le film de Miller. Celui-ci-est en définitive plus convaincant dans la forme que sur le fond, car le cinéaste, sans surprise, laisse bien des zones d'ombre et ne peut prétendre à l'exhaustivité concernant son thème. Les non-dits et l'absence de conclusion significative nous frustrent sans doute de l'étude rigoureusement psychologique et morale que l'auteur n'a pas souhaitée.