J’ai déjà largement parlé autrefois de la place d’Irwin Allen dans la grande épopée du film catastrophe 70’s, de son importance dans la production des plus beaux jalons du genre après Airport, comme L’Aventure du Poséidon ou la fameuse Tour infernale et de sa fâcheuse tendance à épuiser le filon jusqu’à la lie, dans L’Inévitable catastrophe ou Le Dernier secret du Poséidon… A chaque fois, le même principe, un casting d’envergure qui mélange les vieilles gloires et la nouvelle génération et une catastrophe quelconque pour souder le tout, on ne change pas une méthode qui gagne, même quand elle n’est plus bonne à rien…
Mais ce qu’on oublie trop souvent, c’est qu’avant Airport, donc, qui popularisera le modèle qu’il a suivi toute sa vie avec moins de réussite, le bougre avait déjà tâté de la chose, mais oui, dès 1961, avec cet affreux nanar dont je vous parle aujourd’hui.
Nous sommes encore dans la phase préparatoire, tous les ingrédients ne sont pas parfaitement mis en place, et il y a encore un cousinage certain avec d’autres films de facture plus classique comme Le Dernier rivage, pour la version prestigieuse, ou les films d’Ed Wood, pour le côté franchement Z de la chose et le coup de la pieuvre, un très grand moment de désespoir…
Mais tout de même, saluons ici la jolie tentative pour réveiller les vieilles gloires, je me demande même si Roger Corman ne s’y est pas attelé un peu après, 1961 quand même, impressionnant comme parfois ça ne sert absolument à rien d’avoir dix ans d’avance…
Je ne veux pas paraître goujat, mais en 1961, Joan Fontaine entre déjà dans la catégorie, elle inaugure ainsi une longue et prospère lignée juste avant de prendre sa retraite, elle est accompagnée par Walter Pidgeon, à qui il reste pourtant un dernier grand rôle, l’année suivante, dans Tempête à Washington et surtout Peter Lorre, en version déchue, le pire étant encore à venir, obèse, plus petit que jamais, presque bossu, il faut le voir patauger tout rougeaud avec un requin en plastique pour comprendre que ce savant-là sort tout droit des pires bandes dessinées de huitième zone…
Il faut savoir d’ailleurs que nous sommes dans l’affreux nanar par tous les plans, le chef-d’œuvre étant l’angle merveilleux utilisé par la maquette qui sert de sous-marin pour se mouvoir, je crois que même à six ans dans ma baignoire, ce qui semble ressembler beaucoup aux conditions de tournage, j’avais un peu plus de pudeur scientifique.
C’est une histoire confuse et inutile avec un sous-marin perfectionné d’un milliardaire quelconque qui assiste sur un des pôles à la mise en flammes de la ceinture de je ne sais plus quoi qui entoure notre atmosphère, oui, oui, c’est bien ça, la terre est à la broche et ça commence à rôtir salement…
J’ai un peu oublié la technique idiote prévue pour contrer ça, je me souviens qu’il y en a deux discutées aux Nations Unies, l’autre étant d’attendre pour voir ce qui va bien se passer, mais notre amiral-scientifique-milliardaire n’y est pas favorable, lui et son expert, le nain bossu cité plus haut, ont une variante avec lancer de missile qui va envoyer tout le reste de la planète contre eux, faut dire que c’était pas assez le bordel comme ça, manquerait plus un saboteur à l’intérieur histoire de compléter le tableau…
Alors, ce n’est pas mauvais, c’est pire, mais quand on voit à quel point ce naveton-là est précurseur de tellement d’autres, alors même qu'il dégage cette odeur caractéristique de cadavre en décomposition des genres qui se terminent et non qui naissent, on est presque pris de tendresse pour autant de pouvoir prophétique imbécile, je ne regrette presque pas de l’avoir vu (et acheté, mais là, c’est plus dur, même pour une bouchée de pain...).
Et puis quand même, l’atmosphère qui prend feu, foutreputerelle ! Rien que pour ça…