Malgré une carrière en dents de scie et une sacrée paire de bouses à son actif ("Cursed"; "Un vampire à Brooklyn"; "La colline a des yeux 2"; "Scream 3 et 4"...), le cinéaste Wes Craven aura tout de même offert au cinéma de genre quelques pellicules marquantes et rentre-dedans, bien plus subversives que prévu.
Récompensé à Bruxelles et Avoriaz en 1992 et vendu comme un film d'épouvante lambda pour vidéoclubs, "The people under the stairs" entre pleinement dans cette catégorie, à mi-chemin entre "Les griffes de la nuit" et "La colline a des yeux" premier du nom. Sous couvert de l'horreur, Wes Craven, visiblement marqué par la figure d'un père qu'il n'aura que très peu connu, gratte à nouveau le verni de la sacro-sainte cellule familiale américaine, en livre une vision déviante, tout en s'orientant vers une satire féroce de son propre pays.
Collant aux basques d'un jeune gamin du Ghetto, Craven illustre une violente lutte des classes, pointant du doigt une élite WASP se repaissant du sang des plus démunis, les parquant dans des lieux insalubres avant de les foutre dehors à la moindre occasion, tout cela sous le regard d'une Amérique préférant regarder ailleurs, comme le démontre l'utilisation pertinente d'images illustrant la guerre du Golfe, omniprésentes sur les télévisions de l'époque.
Le style ouvertement outrancier de "The people under the stairs" est de plus relayé par un humour décalé totalement cartoonesque, et par une ambiance baignant dans le conte cruel initiatique, Craven convoquant aussi bien les frères Grimm que Tex Avery, multipliant les ruptures de ton casse-gueules.
Sorte de relecture politisée et déjantée de "Hansel et Gretel", "The people under the stairs" a certes vieilli (la musique est atroce), mais conserve encore toute sa force, bénéficiant d'une mise en scène solide transformant la maison en véritable personnage, ainsi que de comédiens ravis d'être là, en premier lieu Everett McGill et Wendie Robbie, génial couple d'ogres déjà ensemble dans la mythique série "Twin Peaks".