Avec “Jusqu’à la garde” sorti en 2018, Xavier Legrand avait démontré d’une certaine efficacité à réaliser un thriller oppressant autour de la séparation d’un couple et des conséquences que cela peut impliquer. Pendant 1h30, il mettait en scène le déchirement d’une relation en nous plaçant entre les deux points de vue des amants séparés. D’un drame familial, il passait peu à peu à un thriller angoissant au dénouement teinté d’horreur qui apportait un nouveau souffle au cinéma français.
6 ans plus tard, le réalisateur semble utiliser le même schéma rythmique avec son dernier film.
“Le Successeur”, nous présente Ellias, un jeune prodige de la mode française confronté à la perte de son père resté au Québec. Ayant perdu tout contact avec ce dernier depuis des années, et étant son seul enfant, Ellias se voit contraint de gérer les funérailles de son paternel en retournant dans son pays natal, sans se douter qu’un terrible secret entourant le défunt l’attend à son arrivée…
S’inspirant du roman d’Alexandre Postel: “L’ascendant”, Xavier Legrand semble rencontrer plus de difficulté à gérer le rythme de son film en peinant à transformer adroitement le genre dramatique en véritable thriller à suspense. En effet, là où son film précédent fonctionnait sur une durée relativement courte, on peut avoir le sentiment de la demi-heure de trop en sortant du “Successeur” qui avoisine une durée de 2 heures.
Le drame laisse place à l’horreur de manière moins subtil, et le film met énormément de temps à présenter une direction concrète à ses spectateurs.
“Le successeur” déclenche un bien plus grand intérêt dans sa dernière demi-heure, notamment durant la scène d’obsèque présentée sur du Michel Fugain, et où Marc-André Grondin, l’acteur principal, dévoile un jeu irréprochable et poignant qui portera cette séquence comme scène majeure du long-métrage.
Pour conclure, en dépit de son indiscutable lenteur, le film possède encore des richesses certes mieux exploitées dans “Jusqu’à la garde” mais qui n’éteint pas pour autant l’intérêt à porter au futur de la filmographie de Xavier Legrand…