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Scénariste et réalisateur de renom, Pascal Bonitzer s'appuie sur une histoire vraie adaptée librement (un filon décidément très utilisé dans le cinéma d'aujourd'hui), pour nous offrir un film choral autour d'un tableau de Egon Schiele, spolié par les nazis en 1939, considérant qu'il s'agit d'art moderne dégénéré, mais qui a permis à son propriétaire juif, un certain Wahlberg, de fuir aux Etats-Unis (à noter que ce peintre Viennois expressionniste a fait l'objet d'un film autrichien en 2016, Egon Schiele : Tot und Mädchen).

Retrouvé par hasard plus de 70 ans après dans le grenier d'une famille ouvrière à Mulhouse, l'enquête autour de ce tableau, menée par le flamboyant commissaire priseur de la grande maison des ventes internationale Scottie's, André Masson (oui comme le peintre !), va provoquer une multitude d'intrigues parallèles, fourmillant de personnes divers, certaines inutiles, non sans quelques ressorts légers intéressants, des situations romanesques étonnantes, mais qui rendent le scénario par moments quelque peu fouillis, surtout au début.

L'enquête proprement dite passe assez vite sur l'origine du tableau et ce qui s'est passé à l'époque nazi; elle tourne rapidement autour des héritiers Wahlberg avec luttes et manœuvres pour récupérer le tableau; le dénouement est cependant prévisible et pas tellement original.

Mais ce qui profite au film est ailleurs :

- La confrontation d'univers sociaux très différents, ouvriers jusqu'à très aisés, traitée de manière politiquement correct bien que superficielle;

- La bataille féroce dans le monde des affaires, où l'argent amène à des décisions brutales et impitoyables; cette facette est plutôt bien traitée dans la lutte de pouvoir chez Scottie's, exacerbée par l'enjeu financier autour du fameux tableau;

- Et le meilleur : les relations humaines entre collègues, notamment André et son ancienne femme et néanmoins associée Bertina, le rôle étonnant de l'avocate Maître Egerman en lien avec André et Bertina, et le plus réussi entre André Masson et son assistante Aurore, cette jeune personne ambitieuse, mythomane et fantasque, et ses questionnements autour de son père. Une relation quasi romanesque, dans le style "je t'aime moi non plus" que j'ai trouvé plutôt réussie d'autant qu'elle se situe au cœur de l'enquête.

Mais ce film plaisant fonctionne grâce à ses cinq acteurs principaux représentés sur l'affiche du film : l'excellent et resplendissant Alex Lutz dans le rôle d'André Masson; Léa Drucker, passionnée et désinvolte à souhait dans le rôle de Bertina; Nora Hamzawi, pétillante et impeccable pour incarner l'avocate de la famille d'ouvriers; Louise Chevillotte, l'étonnante et mystérieuse assistante d'André, la plus profonde dans l'expression des sentiments et aussi Arcadi Radeff, campant plutôt l'ouvrier taiseux, très détaché des enjeux majeurs autour du fabuleux tableau qu'il a découvert. Donnons enfin une mention spéciale à la participation d'Alain Chamfort, le père énigmatique d'Aurore.

Le Tableau Volé n'est pas un grand film, mais ne manque pas d'intérêt dans la variété de situations vécues et des thèmes abordés, rendant le film plutôt agréable, le tout dans une durée contenue et cohérente de 1h30, que les films actuels ont beaucoup de mal à tenir !

Azur-Uno
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le 5 mai 2024

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