Si le film fonctionne c'est en partie grâce à son duo d'acteurs. Il faut dire que Sordi et Noiret savent jouer et ça change de la plupart des productions de Mocky. On retrouve des acteurs amateurs comme habituellement chez Mocky. Il faut dire que le réalisateur tourne à l’économie et quand les acteurs d'un jour se trouvent confrontés à Noiret ou à Sordi, le ton est en total contradiction avec ces deux pointures. Sordi apporte sa touche d'humour, il n'est d'ailleurs pas étonnant de le voir crédité au générique pour les dialogues, car il est certain qu'il est l'auteur de bien des choses liées à son personnage. Le scénario est l'adaptation d'un livre, l'histoire est assez simple et une fois les personnages présentés on se doute aisément de la tournure que vont prendre les événements. Mais tout ça reste bien supérieur à d'autres productions de Mocky, c'est surtout mieux mené et comme c'est une coproduction franco-italienne l'argent qui a tant fait défaut au réalisateur est là. Mocky a utilisé une vraie Rolls, contrairement à Un linceul n'a pas de poches, dans lequel un grossier bricolage avait transformé une coccinelle en Rolls. Voilà un élément qui apporte plus de crédibilité au récit. L'histoire traine tout de même un peu, mais voir Sordi et Noiret devant la caméra de Mocky donne suffisamment de plaisir pour passer outre les points faibles. Mocky avec ce témoin passe en revue ces thèmes de prédilection, l’église, les bourgeois et le pouvoir. Secouer ces choses difficilement ébranlables était l'un des moteurs de Mocky, le film oscille entre humour et le drame. Le final conclut l'histoire de façon particulièrement cynique, il rappel le destin du soldat joué par le même Sordi dans la Grande guerre de Monicelli.