Un très bon polar psychologique signé Jean-Pierre Mocky, qui propose un film deux crans au-dessus de sa production habituelle : la technique est propre, le propos pertinent, la satire sociale judicieuse...
Pourtant Mocky ne s'interdit pas quelques singularités typiques de son cinéma, comme le couple de policiers homosexuels, et surtout la semi-nudité de très jeunes "comédiennes" âgées d'une petite quinzaine d'années (ce qui provoquerait un tollé de nos jours).
La présence d'Alberto Sordi et son jeu flamboyant contribue à ancrer cette production franco-italienne dans la comédie de moeurs à la mode transalpine.
De son côté, Philippe Noiret se montre excellent dans un registre pas évident, et confère au "Témoin" une dimension chabrollienne, confirmée par le cadre de la bourgeoisie provinciale pervertie.
A noter que le film a été tourné à Reims, dont on reconnaît certains monuments (à commencer par la très belle cathédrale gothique), ce qui apporte une jolie plus-value en terme d'atmosphère.
Enfin, "Le témoin" s'enrichit d'un niveau de lecture supplémentaire avec le discours sur la peine de mort, trois ans avant son abolition, qui s'épanouit lors d'une très belle séquence finale, qui rappellera celle de "Deux hommes dans la ville" de José Giovanni, tourné 5 ans auparavant.