Tsui Hark avait déjà fort à faire niveau création cinématographique, en conséquence de quoi il décida d'être simplement producteur, et de confier la réalisation à Ringo Lam (ce doux nom vous dit quelque chose ? C'est tout à fait normal, puisque son City on Fire est la principale inspiration de Reservoir Dogs), qui avait toujours rêvé de faire un film en costumes, s'éloignant quelque peu de ses polars mettant en scène flics et mafieux paumés au beau milieu de la jungle bétonnée hongkongaise.


La volonté est ici de recréer avec une sauce moderne les vieux films d'arts martiaux qu'ils adoraient aller voir du temps où ils étaient d'innocents bambins, avec toute la naïveté et la sincérité qui vont avec. Aussi racontent-ils une histoire mettant en scène ce bon vieux Fong Sai-Yuk, héros populaire chinois à peu près aussi reconnu que Wong Fei-Hung.
On retrouve donc notre bonhomme, tout jeune, être un moine de Shaolin, foyer des rébellions populaires contre un empereur tyrannique, qui décide alors de les réprimer dans le feu et le sang, et d'envoyer les artistes martiaux de cet ordre aux travaux forcés dans un temple souterrain régi par une secte dans le genre artistes martiaux satanico-maléfiques fringués en noir et en rouge pour bien montrer qu'ils sont hyper méchants, avec à sa tête un vieillard débauché passant ses journées à forniquer avec des vierges (puis à les momifier) et à activer la foultitude de pièges en tous genres qui parsèment ce lieu de mort, aux décors flirtant avec le gothique, qui devient rapidement un personnage à part entière, en plus de rappeler celui du second opus d'Indiana Jones.


Ce gouvernement tyrannique n'est pas sans exprimer les angoisses des hongkongais, à quelques années de la rétrocession de l'île à la République Populaire de Chine. Angoisses qui se traduisent dans tout plein de films de cette décennie.


A partir de là, c'est un voyage au bout de la nuit, avec son lot de cadavres en putréfaction, de petites pincées d'humour débile qui marche plutôt bien, de drama avec Hung Hei-Kun son ancien compagnon devenu le bras droit de la secte, de courses-poursuites, de nombreuses bastons au montage et à la réalisation aussi dynamiques que possible, s'enchaînant à un rythme d'enfer, ayant chacune ses propre petites particularités et où le décor, avec tous les pièges vicelards qu'il comporte, joueront un rôle prépondérant (mention spéciale au combat contre le boss de fi...euh, le chef de la secte, qui se bat avec de la peinture, dit comme ça c'est ridicule, mais en pratique c'est on ne peut plus stylé), que notre héros, plutôt bien interprété par un Willie Chi, qui n'atteint certes pas la maestria d'un Jet Li ou d'un Chow Yun-Fat, devra endurer, pour finalement vaincre le mal et s'en aller avec sa donzelle, personnage féminin fort et complexe incarné par une Carman Lee qui sait transmettre à l'écran son passé aussi tristounet qu'un chaton mort ou une glace fondue.


Un très bon p'tit film, si l'on y réfléchit posément (même si le vieux maître shaolin aurait pu jouer un rôle plus important), rappelant pas mal la chose vidéoludique, dont certains individus diront haut et fort qu'il est kitsch.
Mais moi je dirais plutôt Wu Xia Pian aussi honnête que baroque.


Hâte d'explorer davantage la filmographie de ce Ringo Lam.

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le 12 févr. 2020

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