C'est "presque" le titre français du film qui, pour une fois, n'appellera pas de commentaires désobligeants de ma part. C'est aussi le thème de la musique qui baigne ce film de guerre sous tous les tons et dans tous les rythmes…
C'est un film surprenant que j'ai découvert il n'y a pas si longtemps mais quel film ! Le film n'est pas antimilitariste. Simplement, il s'extraie intelligemment des clichés classiques sur le courage, l'héroïsme, la lâcheté, la relativité des grades pour les remettre dans un contexte de réalité.
D'abord le scénario, qui raconte un épisode de la guerre du pacifique et qui se focalise sur un homme Sam Gifford (Robert Wagner), riche propriétaire de champs de coton, dur et méprisant avec ses ouvriers. C'était avant. Il découvre à la lueur des horreurs de la guerre et des relations qu'il noue avec ses camarades de combat qu'en définitive, il n'était qu'un salaud. On lui avait prédit que cette guerre allait changer beaucoup de choses dans les relations et comportements entre les hommes et il ne cesse de le vérifier.
Le montage en flash-back apporte une indéniable force au film. Le film commence par montrer un soldat mis aux arrêts pour avoir frappé un lieutenant et envoyé vers une compagnie disciplinaire. Puis, la vue d'une mitrailleuse le rend rêveur et le fait revenir en arrière et dérouler son passé. On le voit avec sa charmante épouse (Terry Moore) très amoureuse qui nous fait découvrir une face sombre de son mari entre deux câlins d'une vie heureuse. On (= Je…) pense même que le film est en train de sombrer vers la bluette. Que non, car le retour à la réalité n'en est que plus terrible.
Au passage, un détail qui me revient à propos de la transition de l'avant et après flash-back : du grand art dans la façon de filmer une flaque d'eau …
La mise en scène est d'une redoutable efficacité avec une profondeur de champ permettant une vision très large du cantonnement ou des avant-postes ainsi que des mouvements des véhicules et des gens. La mise en scène de l'avance des américains en terrain ennemi est angoissante car la caméra, furtivement, joue comme les yeux des soldats qui cherchent d'où pourrait venir le piège. On ne voit rien, bien sûr, jusqu'au moment où les balles ennemies hachent la troupe. La peur est palpable. Et je ne parle pas de la course éperdue de Sam filmée dans un long travelling. Impressionnant.
Le casting est constitué d'acteurs peu connus mais remarquablement dirigés. Le jeu est à l'essentiel. On ne cabotine pas dans ce film même dans le flash-back qui nous fait revenir sur la vie avant-guerre.
Robert Wagner est l'acteur qui me semble le plus connu dans le rôle de Sam. Très convaincant.
L'autre acteur possiblement un peu connu est Broderick Crawford dans le rôle du capitaine de la compagnie disciplinaire dont l'attitude est d'autant plus étrange qu'il est entouré de deux beaux éphèbes, des Mignons, délicatement musclés dont on peut s'interroger sur leur fonction exacte auprès du bedonnant et suant capitaine …
Spoiler : la fin tragique de ce capitaine en est presque amusante…
Au final, film de guerre très efficace et très crédible aux personnages attachants où la tension et la peur sont palpables. Film à classer parmi les meilleurs de Richard Fleischer et de Robert Wagner.