Lorgnant très clairement vers Pour quelques dollars de plus tout en cherchant à surfer sur le succès de Django, nom dont est affublé le protagoniste principal, l’ensemble cherche davantage à faire fonctionner le tiroir-caisse qu’à révolutionner le genre. Romolo Guerrieri, qui s’est surtout distingué dans le poliziottesco, signe ici son troisième western. Imaginé par Luciano Martino qui a beaucoup écrit avant de beaucoup produire (comme c’est le cas ici), cette histoire est un attrape-tout qui s’appuie sur la belle gueule de Gianni Garko, qui vient de tourner son premier western avec son personnage de Sartana (lequel n’a encore rien à voir avec ce qu’il deviendra dans les titres suivants) et sur celle du frère de Gian Maria Volonté qui vient justement de triompher dans le second western de Sergio Leone. Il reprend ici, dans les grandes lignes, le rôle de celui-ci, à savoir un psychopathe mexicain qui tue femmes et enfants. Dans la peau du chasseur de primes, Gianni Garko succède en quelques sorte à Clint Eastwood en même temps qu’à Franco Nero.
Le moins qu’on puisse dire, et c’est une force principale du film, Gianni Garko n’a pas à souffrir de la comparaison. Avec sa belle gueule et son allure, il compose un héros tout à fait solide pour porter un tel film. En face de lui, Claudio Camaso (le frère donc de Gian Maria Volonté) en fait des caisses dans le rôle du vilain Mexicain qui a kidnappé la fille d’un riche propriétaire. Maquillage outrancier, postures désinvoltes, bouffant comme un porc, il est secondé par quelques seconds couteaux totalement inoffensifs et son père plus grande gueule que grande terreur. De fait, très vite, le film tourne entre ces deux hommes appelés à se rencontrer et à se défier et qui, pourtant, se dérobent l’un à l’autre. Les deux hommes qui n’ont en rien en commun auraient dû se flinguer à la première occasion mais il n’en est nullement question ici. Et c’est là le gros point faible du film : les scénaristes ne savent pas quoi faire de cette matière qu’ils ont entre les doigts et ils décident donc de les associer le temps d’un braquage qui tourne mal. Un gros trou dans la raquette du récit qui n’a alors ni queue ni tête.
Il permet cependant de créer une péripétie et de préparer le rendez-vous final entre les deux protagonistes. Si le script ne tient pas la route, la réalisation exploite, en revanche, à fond le contexte. En créant une atmosphère quasi surnaturelle avec une sublime tempête de vent et de sable lors de l’affrontement final, Romolo Guerrieri parvient à remarquablement détourner l’attention pour nous servir une belle ligne droite où un Django spectral règle enfin ses comptes. Porté par une musique sympathique, le résultat se suit agréablement mais il passe aussi malheureusement à côté de beaucoup de choses. On ne croit pas une seule seconde à la romance entre Django et Mijanou. On ne croit pas davantage au syndrome de Stockholm dont semble frappée Dolores pour Vasquez. On comprend mal ce qu’on veut nous dire des relations entre les deux hommes. La disparition du père de Dolores dans le film est étrange. D’où cette impression mitigée devant un film qui fait le boulot avec de jolies séquences mais qui est franchement desservi par son récit peu concluant.