Un film décevant, brouillon qui aurait dû se concentrer sur un fait historique, peu connu et totalement inique, qui a concerné les « Nomades » : ils furent l’objet d’un internement administratif (6 avril 1940) par l’avant-dernier gouvernement de la IIIe République [présidence d’Albert Lebrun (1871-1950) et présidence du conseil de Paul Reynaud (1878-1966)], sous prétexte que « leur circulation représentait, en temps de guerre, un risque de diffusion des informations stratégiques ». Ainsi 1 200 Tsiganes (dont 700 enfants) furent internés dans le camp de Jargeau (Loiret), de mars 1941 à décembre 1945 (soit 7 mois après la fin de la guerre). Ils vivaient dans des baraques en bois, froides en hiver et chaudes en été et disposaient d’une école avec 2 classes. Il s’agissait d’un camp d’isolement et non de transit, comme ceux voisins de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, avant la déportation vers les camps de la mort nazis (a concerné 70 Tsiganes). Occupé actuellement par le collège Clos Ferbois, une plaque commémorative y a été inaugurée le 7 décembre 1991, en présence de la fille cadette de Jean Zay (1904-1944) (député du Loiret, ministre de l’Éducation nationale du Front Populaire et assassiné par la Milice), Hélène Mouchard-Zay. Sans oublier l’abrogation très tardive et récente (janvier 2017) de leur carnet de circulation (créé en 1969), qui en plus, ne leur permettait pas de quitter la France [leur carnet d’identité nomade, créé en 1912 (IIIe République, sous la présidence d’Armand Fallières (1841-1931) et du Président du conseil, Raymond Poincaré (1860-1934), n’était pas équivalent à une carte d’identité]. D’ailleurs, la France a été condamnée 3 fois de suite par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (concernant le non-respect de la construction d’aires d’accueil, l’évacuation forcée de campements illicites et l’expulsion collective du territoire français de Roms roumains et bulgares). Le cinéaste a voulu réaliser un film sociologique et non d’historien. Dommage ! Outre que c’est mal filmé (en contre-plongée pour les interviews, avec reflet du caméraman dans un miroir, mauvais éclairage ou cadrage improvisé de certaines scènes), le film qui aurait dû être un court ou moyen métrage uniquement sur les faits historiques et législatifs, dénonçant l’attitude de la France qui se targue d’être la patrie des droits de l’Homme, est trop long (1h25) et ennuyeux, d’une part, en raison du développement exagéré sur les Gitans [une des composantes des Gens du voyage (arrivés en France au XVe s), originaires d’Inde, avec les Tsiganes, les Romanichels, les Bohémiens, les Manouches], et de Thierry Patrac, animateur, chanteur à Agde (Hérault) en particulier (au détriment d’Alain Daumas, président de l’U.F.A.T. = Union Française des Associations Tsiganes), et d’autre part, en raison des images de remplissage, prises en train, derrière la vitre, pour bien immerger le spectateur dans le monde du voyage. Malgré l’effort de documentation qu’a fait le réalisateur sur le sujet, la construction du film reste paresseuse (absence de légendes concernant l’identité des personnes interviewées), se contentant de faire succéder des photos ou des cartes postales (certes fautes d’archives filmées) commentées par la voix off du réalisateur et de mettre bout à bout des images des spectacles de Thierry Patrac, y compris les répétitions. Cela relève plus du film amateur en Super 8 que du cinéma professionnel, bien que le réalisateur ne soit pas un débutant.