Sumru aime Haroun. Haroun est un Kurde et on comprend rapidement qu'il est parti rejoindre les guerilleros du PKK.
Ellipse.
Sumru est ethnomusicologue à Istanbul et fait des recherches sur les chants funéraires. Pour cela, elle se rend à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, porte d'entrée vers les montagnes où sévit de manière séculaire le conflit entre Turcs et Kurdes.
Elle y rencontre Ahmet, un homme qui tient un petit ciné-club et puis...et puis...le film ne sait plus.
On croit d'abord que ça va être documentaire : Ahmet a enregistré des témoignages de Kurdes racontant des massacres dans des villages. Mais il faut y rajouter du style, alors Sumru écoute religieusement ces témoignages en ayant la mine triste et en fumant des cigarettes.
Ensuite, changement de cap : Özcan Alper nous fait bien comprendre qu'il adore Tarkovski et la Russie alors il rejoue une scène de Nostalghia.
Et puis pour faire sourire le festivalier européen, il fait réciter "Als das Kind, Kind war" des Ailes du Désir en filmant le ciel.
Pour appuyer l'hommage, il va structurer la quête existentielle de Sumru comme le film Stalker. Il va falloir aller très très loin dans les montagnes, en voiture, pour pouvoir retrouver la trace de Haroun.
Mais comme Sumru et le spectateur savent très bien comment cela va se terminer, il faut meubler ça avec un peu de poésie et des rêveries à l'emporte-pièce. Alors ça fait du name-dropping sur des poètes russes, et des noms de villes russes, et puis comment ce serait chouette de relier la mer Noire à la Méditerranée en construisant plein de lignes de chemin de fer...
Bref, vous l'avez compris, ce film perd le fil et son spectateur en cours de route. Il n'est que très peu intéressé par son sujet, la musique, et se décentre très vite vers l'Est, dans une ode un peu grandiloquente et beaucoup trop appuyée au grand voisin slave, la Russie.