Ce qui est génial chez François Ozon, c'est qu'il sait s'approprier des postulats simples pour les remanier à sa sauce et les rendre forts et poignants.
Dans "Le Temps qui reste", c'est l'histoire simple d'un homme qui n'a plus beaucoup de temps à vivre et qui va devoir faire le choix de survivre ou bien de profiter. La mise en scène discrète mais maîtrisée de François Ozon, permet tout de suite une immersion dans l'univers de ce personnage. Romain en a marre, il ne sait plus s'il doit lutter ou bien commencer à profiter de ce qu'il aime le plus, et en vérité ce Romain c'est nous. Car c'est à nous les spectateurs que s'adresse ce personnage. Que ferions-nous à sa place ? Pouvons-nous le juger ?
Voilà des questions simples et qui ont pourtant beaucoup de sens, le film les soulève sans jamais vraiment chercher à donner des réponses. Ce qui est beau là-dedans c'est aussi l'onirisme que le réalisateur offre à cette histoire, Romain est rayonnant à travers son désespoir, le personnage est toujours plus lumineux que les autres. Le regard intense de Melvil Poupaud parvient à donner une âme à ce protagoniste, et tout repose sur les épaules de l'acteur. On retrouve aussi Jeanne Moreau qui tient ici un rôle plus mince, mais dans lequel elle s'avère très juste et touchante.
Le film de Ozon est beau dans la manière d'aborder ce qu'il raconte, ce sont toutes ces petites choses anodines habituellement qui prennent une toute autre importance, dès lors que l'on risque de les vivre pour la dernière fois.
Sans jamais donner de moral, Ozon signe ici un film simple et efficace, mais aussi très juste et touchant, à propos de l'homme face à la mort.