Vous reprendrez bien un peu de vide?
(attention, il y a des spoilers si on peut les appeler ainsi..)
J'avais d'abord mis un 6, qui s'est transformé en 5 quelques jours plus tard.
Je ne sais pas quoi penser de ce film. Ça commençait fort : la bande annonce m'a presque tiré une larme, ce qui n'arrive jamais. Mais je crois bien que c'était à cause de Perfect Day, j'ai une relation bizarre à cette chanson. Et puis il y avait Melvil Poupaud, que j'avais beaucoup aimé dans Laurence Anyways, l'excellente Jeanne Moreau, une photographie qui me semblait sympathique, bref, à priori de jolis ingrédients.
J'ai passé tout le film à attendre. Qu'il se passe quelque chose, que des vérités éclatent. Je n'attendais pas un retournement de situation magistral, juste un peu de relief pour que tout ça prenne un sens.
J'ai attendu, et en fait rien. Non, on ne sait pas pourquoi, ni comment, même en y réfléchissant un peu. Rien n'explique pourquoi le héros décide finalement de donner de lui, "offrir" un enfant à un couple inconnu, léguer ce qu'il a à ce même enfant, se faire pardonner auprès de sa sœur -et d'ailleurs on ne comprend même pas le mépris qu'il nourrissait envers elle, bref on ne comprend pas ce qui amène notre (très caricatural) "méchant" assumé, aigri, égoïste à tenter de se racheter. Il semble seulement indécis.
C'est un film où il ne se passe pas grand chose, même pas implicitement .Les personnages sont très plats, ils n'ont pas assez de charisme et de caractère pour rythmer tout ce vide. Et je n'ai pas trouvé que les flash-back du héros enfant aient une grande utilité.
Alors peut être que c'était le but, nous faire attendre en vain comme le fait le personnage principal. L'attente et la frustration du spectateur dans un film sont parfois efficaces quand bien maîtrisées, mais pour le coup j'ai eu l'impression qu'Ozon nous promettait quelque chose qui ne vient pas.
A la fin du Temps Qui Reste j'ai eu cette impression d'avoir perdu mon temps, de m'être fait dupé. Pourquoi présenter un film comme une tragédie intense et complexe quand ce n'est pas le cas? (je fais ici allusion à ladite bande annonce)
Sur la même problématique, j'ai largement préféré "Deux Jours à Tuer", qui lui fait sens, même dans l’ambiguïté (notamment l’ambiguïté dont font preuve les héros de ces deux films quant aux relations qu'ils laissent derrière eux).