Le Temps qui reste par Fritz Langueur
la une œuvre infiniment troublante et personnelle. Le sujet n’est pas des plus originaux ; les derniers jours d’un homme et la manière d’appréhender sa mort. On pourrait même faire un parallèle avec les nuits fauves de Collard. Mais là où ce dernier voulait un héros dévoreur de vie, inconscient et jouissant d’excès, Ozon lui, nous raconte l’histoire simple de Romain. Lui aussi est beau, lui aussi jouit d’une belle prestance dans la vie, lui aussi apparaît comme un monstre d’égoïsme. Ces deux héros ont tout pour eux et il y a comme une injustice de les voir frappés si jeune par la mort. Mais la comparaison s’arrête là. Les dernières heures de Romain sont empreintes d’une spiritualité et se fondent sur le pourquoi de l’existence. Faire table rase du présent qui ne répondra plus au futur, et se pencher solitairement sur le passé. Non avec regrets mais avec un certain fatalisme pour trouver enfin la sérénité de dire oui à la mort. Aux couleurs bigarrées et au brouhaha, Ozon préfère distiller des petites tranches de vie. La maladie n’est pas le sujet, il pourrait s’agir tout autant du sida que du cancer, moins encore la mort. Ici c’est la vie qui est exposée dans toute sa puissance avec la pudeur et le respect que ressent chaque individu dans ces moments là. Interprété par un Melvil Poupaud plus enchanteur que jamais et une admirable Jeanne Moreau ce film est sans aucun doute l’une des plus belles surprises de l’année.