Le temps s'est arrêté par Teklow13
Olmi est un cinéaste qui j'ai longtemps voulu approfondir, j'ai encore un grand souvenir du magnifique Arbre aux sabots, mais ses films sont pour la plupart invisibles et c'est bien dommage. Merci à Carlotta d'avoir édité ce film et il Posto il y a quelques années.
Le temps s'est arrêté est un film sur deux hommes, le vieux Natale et le jeune Roberto, ils veillent seuls sur un chantier, dans une cabane isolée sur une montagne enneigée. Roberto remplace l'ancien collègue de Natale qui a dû retourner au près de sa femme qui accouche, Roberto le remplace.
Le contact passe difficilement dans un premier temps mais petit à petit ils apprennent à se connaitre et à vivre ensemble.
Le cadre de départ est aride, épuré à l'extrême : deux corps, des gestes du quotidien : ils mangent, lisent, skient, jouent aux dames, dans un décor vidé de matière, la neige recouvre tout à l'exception de cette petite cabane.
Mais au fil des minutes, celles qu'ils vivent ensembles, ce cadre prend chair, il se rempli. D'abord par petits touches : des moments un peu poético-burlesques, on pense à Etaix (voire à Tati) lorsqu'ils se rencontrent, liés à la confrontation de deux êtres et deux corps et deux âges différents. D'autres moments où apparaissent par éclats une complicité et une compréhension réciproque : un sourire, un regard, une parole.
Et puis vient la scène de la chapelle, lieu dans lequel ils se réfugient à la suite d'une forte tempête. Natale veille alors sur Roberto, malade.
Ce lieu religieux isolé, éclairé par magie par quelques bougies devient alors une sorte de berceau de l'humanité, un lieu dans lequel l'homme réapparaît, un homme en lequel justement Natale ne croyait déjà plus, déçu par la mentalité de la nouvelle génération.
Quelque chose de très fort et de très beau prend corps, un sentiment de fraternité, d'ouverture d'esprit, de croyance en l'autre. On oubli le vent, la froideur de la neige, l'isolement, le cadre est désormais plein d'une humanité débordante.