Forts de leur collaboration sur The A Team, Liam et Joe remettent le couvert pour un film bien plus froid.
On commence super fort avec la présentation de Liam Neeson en sniper dépressif, à travers un habile montage perdant la notion du temps, habité par une photo rugueuse et cadavérique et recouvert de la voix rocailleuse de l'Irlandais. Difficile de ne pas faire le lien entre ce rôle et la propre vie de l'acteur, tout récemment veuf... Il dévoile l'âpreté et la solitude de son personnage mieux que quiconque.
Le temps d'un crash ultra-stylisé, presque exclusivement sensoriel, et voici notre petit groupe prêt à en découdre avec mère-nature.
C'est là que le film va prendre le pari risqué de dilater toutes les figures imposées du genre (morts subites, coups de gueules, sacrifices à la con, laissez-moi allez-y sans moi etc...) pour en faire de vrais morceaux de bravoure et parvenir à les rendre tangibles.
La longue scène de dialogue au coin du feu où les survivants fraternisent enfin en est le meilleur exemple. D'habitude ce genre de scène ne sert qu'à gagner du temps et éventuellement présenter au public l'ordre précis dans lequel les gaillards vont mourir... En doublant, voire triplant le volume-horraire accordé à la scène, Joe Carnahan la change en véritable métier-à-tisser thématique qui trouvera des échos jusqu'au dénouement. La peur, la foi, les souvenirs d'enfants, la poésie... Chaque personnage expose sa façon de penser et mourra selon ses traits.
La scène finale est d'une pureté étourdissante : Liam, dépouillé de toute son humanité (plus de foi, plus d'amis, plus envie de vivre...) va faire comme un tertre avec les précieux portefeuilles de ses camarades déchus et s'accaparer leurs souvenirs les plus intimes avant de se faire animal pour de bon et d'engager un combat à mort avec le mâle alpha de la meute. Car en effet, dans le gris de cette nature hostile, homme et bête ne sont qu'un.
Ah oui... Restez jusqu'à la fin du générique et vous aurez les réponses à vos questions.