Après la petite surprise qu’avait été l’adaptation cinématographique de L’Agence Tous Risques, Joe Carnahan avait réussi à nous montrer à livrer un blockbuster d’action efficace et divertissant, comme on en demande ! Je parle d’action car ce mot reviendra souvent dans cette critique. En effet, reprenant Liam Neeson dans un film où celui-ci doit mener à un petit groupe de survivants poursuivi par une meute de loups affamés, prêt à écraser du canidé avec un poing américain fait à partir de tessons de bouteilles, que pouvions-nous avoir, si ce n’est un long-métrage qui en mette plein la vue ?

Un groupe d'ouvriers est envoyé en Alaska pour la construction d'un oléoduc. Leur avion s'écrase durant le trajet. Les rescapés doivent alors survivre dans ce milieu hostile occupé par les loups. Ils devront parcourir des kilomètres en espérant s'éloigner du territoire des loups affamés. Ils devront traverser un désert de neige ou ils mourront dévorés. Durant le trajet, plusieurs des rescapés sont tués. Après avoir traversé la grande plaine de neige les survivants restants vont se réfugier dans une forêt pensant qu'en s'en y enfonçant ils quitteront le territoire des loups. Mais les loups continuent de les traquer...
Le scénario est lancé : le héros, tueur de loups armé d’un fusil trop classe, se retrouve à diriger tout un groupe de survivants d’un crash aérien, à leur enseigner le mode de vie des loups et à leur dire comment survivre dans ce blizzard infernal. Voilà comment s’annonçait Le Territoire des Loups ! Et au final, le film de Joe Carnahan n’est pas ce gros cliché qu’il aurait pu être, non ! Car si Liam Neeson s’autoproclame chef de ce petit groupe, il ne reste que le leader et non le protecteur. Exemple type : son fameux fusil est en morceau lors du crash ! Le Territoire des Loups ne s’intéresse donc pas à une sorte de Bryan Mills cassant des canines aux loups, mais plutôt à la survie de chacune de ces personnes, leurs histoires, leurs familles (dont les fameuses scènes où Neeson entrevoit sa femme, son ex, sa défunte… on ne sait pas encore ce qui l’incitait à se suicider) pour nous faire vivre leur propre cauchemar, dans ces pleines blanches désertiques. Bon, certains passages sont littéralement tirés par les cheveux (dont une séquence qui rappelle un certain Temple du Soleil signé Hergé) et que le rythme pesant et long soit voulu. Mais devant ce massacre (chacun tombe un par un sous la menace des loups) auquel on reste impuissant, ce spectacle horrifique (empli de cris affreux et de cadavres plutôt gerbant) qui insiste sur la volonté de survie des personnages qui arriveront au fait que, finalement, rien ne peut battre la nature. Il y a de quoi dire « ça, c’est du scénario ! » Personnages approfondis, trame travaillée et puissance émotionnelle bien présente… Bluffant !

Mais là où Le Territoire des Loups surprend également, c’est par la qualité de la mise en scène ! Rien que pour l’image, il faut saluer le savoir-faire en jeu ! Un filtre spécial qui rend « agressif » pour nos yeux le blanc de la neige, augmentant cette sensation que les plaines et forêt d’Alaska ne sont que des no man’s lands. Ajoutez à cela des bruitages qui donnent vie au blizzard et aux loups (ces terribles grognements, hurlements et cris d’horreur de leur victime) qui nous prennent carrément aux tripes, nous plongeant sans difficulté aux côtés des personnages. Vivre leur cauchemar devient un réflexe ! Sans oublier que Le Territoire des Loups ne propose pas d’envolées symphoniques qui auraient pu tout gâcher, préférant la sobriété et laissant la place aux terrifiants effets sonores ou bien au silence pour renforcer l’émotion (comme cette scène où Neeson supplie Dieu de se manifester pour le sauver, pour prouver qu’il existe bel et bien parce que c’est le moment). Il faut dire que les acteurs accentuent également tout cela, renforçant le réalisme de cet enfer, surtout Liam Neeson, donner une épaisseur bienvenue à son personnage.

Il est juste malheureux que les loups, numérisés et robotisés pour le film, semblent invraisemblables. Souvent démesurés sur certains plans, d’une violence inouïe, au visuel loupé (la plupart du temps flous)… bref, ils ne font pas réels ! Dans un sens, c’est une bonne chose qu’on ne les aperçoive que trop rarement (dû à la nuit ou bien le blizzard, et également à une caméra hystérique), sinon, cela aurait nuit énormément à l’ensemble.

Le Territoire des Loups n’est pas un film d’action. Il est bien plus ! Un enfer insupportable à vivre, le modèle que devrait prendre tout films d’horreur, au scénario et mise en scène maîtrisés ! Une véritable surprise, un divertissement non sans défaut de grande qualité, qui fait de Joe Carnahan une valeur sûre, une image d’efficacité ! En attendant sa prochaine réalisation, qui du coup, se fait attendre !

Créée

le 30 déc. 2012

Critique lue 590 fois

1 j'aime

Critique lue 590 fois

1

D'autres avis sur Le Territoire des loups

Le Territoire des loups
Gand-Alf
8

Live and die on this day.

A la sortie de son adaptation sympathique mais superficielle de "L'agence tous risques", tout le monde (moi le premier) pensait Joe Carnahan réduit désormais à faire la pute pour Hollywood. C'était...

le 1 juil. 2012

36 j'aime

6

Le Territoire des loups
Kenshin
2

Canis lupus es funus (en latin drôle)

J'y crois pas, non sérieusement j'ai du mal à croire que tu ai pu penser un seul instant que j'allais accrocher à ce film. Désolé, je vais peut être te faire du chagrin mais, bordel à queue c'est...

le 14 juil. 2012

26 j'aime

17

Le Territoire des loups
Senscritophiliste
4

Coeur de louuuuuuuuuuup !!!!

Le film de Joe Carnahan convainc lorsqu'il pose sa description de durs à cuir carrément désespérés obligés de lutter contre les impitoyables forces de la nature. Malheureusement le réalisateur en...

le 20 sept. 2012

25 j'aime

3

Du même critique

Batman v Superman : L'Aube de la Justice
sebastiendecocq
8

Un coup dans l'eau pour la future Justice League

L’un des films (si ce n’est pas LE film) les plus attendus de l’année. Le blockbuster autour duquel il y a eu depuis plusieurs mois un engouement si énormissime que l’on n’arrêtait pas d’en entendre...

le 28 mars 2016

33 j'aime

1

Passengers
sebastiendecocq
5

Une rafraîchissante romance spatiale qui part à la dérive

Pour son premier long-métrage en langue anglophone (Imitation Game), Morten Tyldum était entré par la grande porte. Et pour cause, le cinéaste norvégien a su se faire remarquer par les studios...

le 29 déc. 2016

29 j'aime

La Fille du train
sebastiendecocq
4

Un sous-Gone Girl, faiblard et tape-à-l'oeil

L’adaptation du best-seller de Paula Hawkins, La fille du train, joue de malchance. En effet, le film sort en même temps qu’Inferno (à quelques jours d’intervalles), un « Da Vinci Code 3 » qui attire...

le 28 oct. 2016

28 j'aime

4