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Le privilège du cinématographe, c'est qu'il permet à un grand nombre de personnes de rêver ensemble le même rêve et de montrer en outre, avec la rigueur du réalisme, les fantasmes de l'irréalité, bref c'est un admirable véhicule de poésie. Mon film n'est pas autre-chose qu'une séance de strip-tease consistant à ôter peu à peu mon corps et à montrer mon âme toute nue. Car il existe un considérable public de l'ombre, affamé de ce plus vrai que le vrai qui sera un jour le signe de notre époque. Voici le lègue d'un poète aux jeunesses successives qui l'ont toujours soutenu.
Et c'est ainsi que Jean Cocteau, artiste devenue immortel via son art, sa poésie et son cinéma, clôture sa trilogie orphique débutée avec Le Sang D'un Poète puis Orphée avec Jean Marais. Il clôture également son cinéma et peut être même son art comme il le dit à la fin. Sa place n'est pas sur Terre mais il nous remercie tout de même d'avoir aimé son film ainsi que ses amis qui ont travaillé sur ce projet. Cocteau nous offre donc son testament toujours dans son style en débutant par un tableau et une craie puis un voyage à travers les rêves et le temps. Cocteau nous emmène à travers une histoire intemporel presque absurde jusqu'à rentrer dans sa propre imagination en étant entouré de ses propres personnages, ses propres décors et les personnages mythologiques qui l'inspirent et qu'il aime. Décors qui d'ailleurs s'ouvrent à notre imagination par leur grandeur et part leur vide que ce soit avec un studio non préparé pour le tournage (comme pour The Human Voice de Pedro Almodovar dont il est d'ailleurs l'auteur original) à une grotte immense similaire à celle des enfers dans Orphée. Il voyage à travers son art et nous emmène avec lui que ce soit à travers le XVIIIeme siècle, pendant un procès absurde où il est jugé innocent avec une peine de vivre ou lorsqu'il se fait transpercer par Minerve.
C'est une très belle signature que nous offre ce grand artiste qui malgré sa disparition reste immortel dans nos cœurs et dans son art.