Curieux film que celui-ci, qui se partage entre une intrigue policière (dont certains aspects ne sont pas sans rappeler le Docteur Mabuse de Fritz Lang) et, surtout, un sujet de nature fantastique mâtiné de psychanalyse inspiré par les Jekyll et Hide de Stevenson.
L'originalité et l'étrangeté de la mise en scène de Jean Renoir tiennent, au demeurant, à sa simplicité. Le cinéaste n'use d'aucun des artifices et façons habituels du polar ou du cinéma fantastique. Il n'entretient ni suspense ni atmosphère angoissante mais, au contraire, inscrit le propos dans un quotidien qui apparait à peine extraordinaire.
Sujet oblige, il est question de la dualité de l'Homme, entre le Bien et le Mal, de l'opposition entre la Morale et la nature humaine, autant de considération métaphysiques ou philosophiques qui sont loins d'être inintéressantes. Jean-Louis Barrault, dans son double rôle, compose un Monsieur Opale (le double du docteur Cordelier) aux attitudes plus comiques (clin d'oeil à Chaplin) qu'inquiétantes ou effrayantes. Barrault fait de ce symbole maléfique un personnage profondément original et mémorable.