L’arrivée de l’électricité doit-elle être vu comme un fléau ou comme une chance ?

A Ifri n'Aït Kherfalla, en plein cœur de l’Atlas, à 4h de route de Marrakech, vivent des familles isolées au sein d’un village coupé du monde. Sans route, ni eau courante et encore moi l’électricité. Et pourtant, tous s’apprêtent à basculer dans un tout autre monde, du moins… si le raccordement à l’électricité veut bien se faire…


C’est en partant s’installer au Maroc avec sa femme et ses filles que le réalisateur belge Jérôme Le Maire se met à réaliser des films sur le pays qui les accueille. Après Où est l’Amour dans la palmeraie ? (2006), cette fois-ci, il s’intéresse à une poignée de marocains restés à l’ère de la bougie, coupé de toute civilisation et qui vont enfin connaître les joies (ou pas) de l’électricité. Ces derniers vivent dans une grande précarité, qu’il pleuve ou qu’il neige, ils doivent faire face à la rudesse du Haut Atlas (il n’est pas rare que des enfants meurent chaque hiver compte tenue des terribles conditions dans lesquelles ils vivent). Leurs enfants n’ont pas accès à l’école et les parents ne vivent que de ce qu’ils produisent.


L’électricité, eux n’en voulaient pas spécialement, ils souhaitaient surtout pouvoir avoir une route qui puisse relier leur village à la première grande ville. Sauf qu’on leur fait bien comprendre que s’ils veulent une route, ils devront patienter ou la faire eux-mêmes, contrairement à l’électricité où le gouvernement ira jusqu’à les amener en ville pour qu’ils s’acquittent d’un montant forfaitaire et qu’ils remplissent tous les papiers nécessaires.


Pendant 3ans, le réalisateur s’est intéressé à cette inexorable modernité qui s’apprête à s’abattre sur le village (certains n’en veulent pas, d’autres n’ont pas les moyens de se la payer). Coupé du monde, après des années voir des décennies de patience, ils vont à la fois bénéficier d’une route et de l’électricité (la route permettant d’acheminer des pylônes à travers les montagnes). Mois après mois, les électriciens et autres techniciens de Cegelec (l’EDF marocain) s’affairent pour que le petit village puisse avoir l’électricité (sans parler de l’avènement des téléphones portables qui vont les faire basculer dans le XXIème siècle).


Leur vie va changer du tout au tout, on ne se rend pas compte à quel point on profite d’un confort auquel ils n’avaient pas encore droit jusqu’à présent. Dorénavant, ils auront de quoi brancher un frigo (pour ceux qui auront les moyens de s’en offrir un), voir même une télévision, leurs enfants pourront étudier dans de meilleures conditions et les plus grands pourront enfin accéder à l’étable et nourrir leurs bêtes aisément, de jour comme de nuit.


Il faut voir leurs visages s’illuminer lorsqu’ils actionnent pour la toute première fois l’interrupteur de leur maison, sans parler de la toute première fois où la télévision du village va émettre ses premières images et où les enfants se retrouvent automatiquement happés par le flux d’images et de sons (c’est d’ailleurs à ce moment-là que l’on se rappelle à quel point la télévision est un formidable outil de propagande consumériste).


L’arrivée de l’électricité doit-elle être vu comme un fléau ou comme une chance ? Un signe du progrès ou une contrainte ? Nous ne sommes pas à leur place, mais nul doute que dans leur situation, cela relève plus de la chance et du progrès, afin d’améliorer leurs conditions de vie.


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le 24 août 2022

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