Claude Chabrol était un réalisateur qui était conscient de ce qu'il tournait, il savait que tel film serait bon ou moins bon. Il était parfaitement lucide quand il tournait Le Tigre aime la chair fraîche, ainsi que sa suite ou alors Marie-Chantal contre docteur Kha ; il appelait ça faire des conneries. Et il a raison, car en parlant du premier film, une commande de la productrice Christine Gouze-Rénal, et un véhicule commercial pour son mari, un certain Roger Hanin (qui a également signé le scénario).
Dans ce film-là, il se fait appeler Le tigre, et doit escorter l'épouse et la fille du ministre du commerce turc, de passage en France, car la famille est visée par un attentat, au départ par l'incontournable Dominique Zardi, puis par un autre méchant qui tire les ficelles.
Roger Hanin est tout à fait à l'aise dans le genre, qu'il avait déjà côtoyé dans le deuxième volet du Gorille en 1959. Il voit bien qu'il est dans une immense pochade, à la manière des O.S.S., du Monocle ou de la série des Lemmy Caution. De l'espionnage sans prise de tête, assez misogyne, qui est censé faire voyager et qui surtout donne du bourre-pif à tout va. Bien évidemment, Claude Chabrol est totalement absent du film, aucun style, aucune allusion politique, alors comme c'était une commande, je l'imaginais bien pousser les potards de la bêtise comme cette phrase anthologie où Roger Hanin parle avec le chat de Mauria Mauban, la femme du ministre en question, et celle-ci l'arrête en lui disant qu'il ne comprend que le turc !
Tout est comme ça dans le film jusqu'à l'apparition hallucinante de Mario David, le méchant de l'histoire, avec ses cheveux peroxydés, ou alors le moindre coup de poing qui fait une entaille terrible sur le corps de l'autre. On aperçoit également Roger Dumas ou Stéphane Audran.
Mais est-ce un bon film pour autant ? Je dirais que heureusement, ça ne dure que 80 minutes, car au bout d'un moment, la connerie finit par lasser.