Il existe bien entendu plein de films sur la Première Guerre Mondiale, mais rares sont ceux parlant uniquement de l'aviation, le combat qui a été mené dans les airs, et c'est ce dont parle Le tigre du ciel. On suit en particulier un bleu sorti de l'école d'aviation, nommé Croft, qui a envie d'en découdre, mais dont la candeur et la naïveté jurent avec l'esprit dans le campement, où l'espérance de vie des pilotes ne dépasse guère quinze jours.
Alors que je m'attendais à un film patriotique, sur la glorieuse Angleterre, il n'en est rien ; l'accent est même poussé sur les troubles que vivent les pilotes, pour certains marqués, blessés, apeurés, comme celui que joue Simon Ward, et dont l'effroi d'y retourner est tel qu'il va être à doigts de déserter, ce qui est considéré comme de la haute trahison.
Le seul à faire front, est le colonel joué par Malcom McDowell, mais dont on sent qu'il est brisé lui aussi à l'intérieur, et dont la dureté vis-à-vis de ses collègues est plus une carapace qu'autre chose, car il veut éviter de lier des liens avec d'autres qui ne reviendront probablement pas après l'assaut. Peter Firth est quant à lui le bleu, celui apporte une certaine fraicheur, sans doute malvenue dans un tel contexte, mais qui a une volonté de fer, ce qui suffit à lui faire piloter un coucou malgré qu'il n'ait que quinze heures d'expériences en vol ! D'ailleurs, Peter Firth est celui qui avait joué dans Equus, sorti juste après ; belle carrière.
Mais ce qui caractérise en particulier Le tigre du ciel, ce sont ces fameuses scènes de combats aériens, lesquels sont toujours impressionnantes avec des décennies de recul, car elles font penser à des ballets, mortuaires, où la tactique consiste à viser aussi bien le gouvernail de l'avion que le pilote en lui-même. On n'échappe pas à quelques transparences, mais globalement, je trouve ces scènes assez fortes, où les mots sont remplacés par les impacts. Dont une scène impressionnante où un pilote sort de son avion en flammes, alors qu'il est dans les airs, et on le voit s'écraser au sol.
Comme quoi, il est compliqué de juger un film avant de le voir ; Le tigre du ciel a évité ce que je craignais le plus, à savoir le patriotisme et la valorisation du soldat, pour mettre en avant cet aspect de la guerre très peu mis en avant, et Jack Gold a réussi quelque chose à la fois de spectaculaire ainsi que d'humain.