Sauce Deschanel

Paul Deschanel est resté comme le président de la République le plus ridicule de l'Histoire de France, avec sa chute d'un train en marche et sa démission après quelques mois de mandat. L'idée de le réhabiliter est excellente car peu de gens savent à quel point cet idéaliste était en avance sur son temps, avec le souhait de donner le droit de vote aux femmes, d'abolir la peine de mort ou encore de développer une amitié franco-allemande (en 1920 !). Autre intention rusée du film de Jean-Marc Peyrefitte : lui opposer la figure de Clemenceau, politicien roué et cynique, dont l'une des qualités premières était de savoir parfaitement orchestrer sa propre communication de "Père la Victoire." Tout cela était bel et bon, d'autant plus avec les excellents Jacques Gamblin et André Dussolier, pour ce combat à fleurets pas très mouchetés. Pourtant, malgré l'insertion de fausses bandes d'actualité sautillantes et la présence d'une poignée de scènes délectables, le film déçoit quelque peu car il est très déséquilibré au profit de Deschanel, alors que l'esprit de ce dernier commence à battre la campagne, ce qui donne lieu à des passages lunaires et loufoques qui ne convainquent guère. Ou alors, il aurait fallu verser totalement du côté de la farce, ce qui semble une tentation du film, mais pas complètement assumée, pour cause de volonté farouche de redonner crédit à ce pauvre président, maltraité par la postérité. Un film à la sauce Deschanel qui manque paradoxalement de goût.