Si on me demandait de décrire le Tombeau des Lucioles en un mot, il me serait évident de le faire : déchirant. À travers l'histoire semi-réelle de Seita et Setsuko, c'est la guerre dans ce qu'elle a de plus crû, de plus dur et de plus vrai qui nous est montrée. Car bien loin des intérêts politiques, des guertes de religion et de territoires, les conflits sont surtout et avant tout le sacrifice de milliers de vies innocentes, et à priori, d'enfants.
Dès la première minute, nous comprenons que l'espoir n'a pas sa place. C'est bel et bien à une agonie lente et douloureuse de deux enfants orphelins que nous assistons. Aucun détail de cette mort n'est cachée, aucune douleur n'est épargnée. De la vision affreuse du corps sans vie de la mère au corps de plus en plus affaibli d'une enfant, de l'horreur des cadavres brûlés aux diarrhées dûes à la malnutrition, la violence et la réalité de la guerre sont montrés sans détour, provoquant irrémédiablement une sensation d'horreur. La dûreté des scènes fait que l'on déconseille fortement cet animé aux enfants, d'autant que les deux héros, Seita et Setsuko, ont des réactions qui sonnent très vraies. Seita, quatorze ans, est ainsi un adolescent crédible qui, par amour pour sa petite soeur et de par son statut d'aîné de la famille, se bat pour embellir sa vie, préserver son innocence et surtout, subvenir à ses besoins. Néanmoins, Seita n'est pas un adulte et, handicapé par l'orgueil, l'insouciance et le besoin d'indépendance de son âge, il fera des ereurs fatales, autant pour sa soeur que pour lui-même. Setsuko, quant à elle, est une petite fille de quatre ans plus vraie que nature qui, temps de guerre ou pas, reste joueuse, difficile pour la nourriture, emplie d'exigences. La petite fille a ainsi des réactions et des expessions du visage qui la rendent extrêmement réaliste et touchante. Son destin tragique n'en devient dès lors que plus déchirant encore. La guerre est également démontrée dans sa réalité par l'égoisme, ou plutôt l'instinct de survie, des adultes entourant ces enfants, refusant de les aider pour assurer leurs propres vies. Mais toute cette noirceur est compensée par la beauté et la poésie que seule un film d'animation peut apporter. Les scènes de joie, que s'efforcent de maintenir les enfants, sont merveilleuses tant d'un point de vue visuel qu'émotionnel. L'amour unissant les deux enfants, leur complicité, passent de l'autre côté de l'écran pour nous attendrir, tandis que la poésie des images et des situations se fait omniprésente. C'est cette magie qui rend le film, malgré sa noirceur, si beau et émouvant. Une impression qu'aucun film avec acteurs ne peut retranscrire. Le tout donne donc une impression de beauté qui, si l'expérience reste forcemment triste, laisse un sentiment assez positif. S'il est impossible de ne pas verser des larmes, il est tout aussi impossible de ne pas être touché par la beauté intrinsèque de ces scènes magiques, telles la virée au bord de la mer, les jeux de Setsuko ou encore, naturellement, les lucioles.
Les images sont à la hauteur de leur studio, merveilleuses. L'animation est elle, exemplaire, soutenue par le talent remarquable de Kondo quand il s'agit de retranscrire, par l'animation, des émotions humaines. La musique est elle merveilleuse également.
Le Tombeau des Lucioles réalise donc un sans-fautes et n'a pas volé sa réputation. Magnifique plaidoyer anti-guere, sans être un seul instant moralisateur, ce film est à voir absolumment pour éveiller notre conscience sur l'absurdité des conflits armés, à condition bien sur de ne pas être trop jeunes. On n'oubliera, dès lors, plus jamais Setsuko et Seita.