A l'origine, c'est un roman implacable de Akiyuki NOSAKA, dégueulasse, violent, terrible (la guerre, quoi). Porté par une prose incroyable, ample, semée d'argot et de grossièretés, collant aux cadavres anonymes crevés par l'Histoire. Un grand roman.
Le film animé perd bien entendu son extraordinaire puissance littéraire formelle, impossible à rendre telle quelle.
Mais il gagne une implication émotionnelle qui vaut tous les discours sur l'innocence fauchée, l'absurdité des conflits, les dommages collatéraux (des mots condescendants et impersonnels).
Soudain, on y est. Il n'est plus question de nationalités, de lieux, d'époque. La fable tragique prend des allures universelles, et elle n'interdit pas l'espoir.
Je ne sais pas ce que le doublage donne en français, mais la voix de la comédienne japonaise (5 ans à l'époque, je crois) qui prête sa voix à Setsuko n'a pas de prix. Et ce dessin... Les émotions passent sur les visages des enfants comme le vent sur l'eau et les cieux changeants qui les survolent.
Dans cette fuite sans issue, ces instants d'enfance arrachés au temps, survolent des purs instants de grâce (une chanson au bord d'un lac, des lucioles comme étoiles, une boîte de bonbons ressuscitée...)
Le meilleur animé jamais dessiné ?