Voici une œuvre vraiment à part dans le monde du manga... on ne peut qu'être subjugués par les détails du dessin (la moindre fourmi, goutte de sang ou de pluie a sa raison d'être), la colorimétrie de l'ensemble (contraste évident entre les bonbons aux couleurs acidulées - symbole d'un fol espoir de vie - et les paysages urbains dévastés aux tons bruns/gris/oranges) et la voix des enfants en V.O. - la petite fille de quatre/cinq ans - rendent l'expérience inoubliable. La musique elle-même assume sa fonction, elle appuie où cela fait mal mais peut aussi illustrer des moments de poésie.
Comment rester insensible aux messages du film: de l'importance de la vie humaine aussi éphémère que l'existence d'une luciole dont la lumière chimique est peut-être leur âme mais aussi sur la solidarité qui devient très subjective entre les gens dans des temps troublés (l'horrible tante de plus en plus ingrate vis à vis des deux orphelins).
Cette œuvre est aussi déstabilisante car on ne s'attend pas à tant de violence frontale dans un film d'animation (précision chirurgicale sur les conséquences d'un bombardement - cadavres, grands brûlés, Seita roué de coups...).
Le début du film "plombe" d'entrée l'ambiance: les premiers de mot de Seita glacent le sang et les images ne nous épargnent pas davantage (de l'importance d'une petite mouche)... bref ce "tombeau" n'est pas pour un public d'enfants.
Même si les japonais n'ont pas été tendres pendant les années 1937-1945, avec entre autres, la persécution des populations chinoises... on ne peut que s'horrifier des bombardements sur l’archipel nippon (comme tout bombardement sur des populations civiles: Londres, Caen, Dresde, Guernica...) avec en plus l'ombre atomique qui plane sur tout le film (on voit passer dans le ciel de Kobé le bombardier américain qui sans doute revient d'Hiroshima ou Nagasaki).
Le Tombeau des Lucioles est une œuvre adulte, à l'émotion exacerbée et pas niaise qui au travers de personnages dessinés mais forts délivre un message aussi simple qu'universel: le respect de la vie humaine et à fortiori le respect de la vie d'un enfant.