Le tour du monde en 80 jours est le dernier des films Américains de Jackie Chan qui me restait à voir. Ca avait pas l’air d’être le pire, mais l’affiche, que je trouve terriblement moche, m’a toujours rebuté (et encore, j’avais pas vu les visuels internationaux…). J’ai aussi fait passer Kung-fu nanny, Le médaillon et Le smoking avant parce que ça avait l’air assez nul pour être drôle ; pour Le tour du monde, j’en étais moins sûr.
Chan incarne Lau Xing, ou Passepartout comme il est nommé suite à un quiproquo, un voleur qui accepte de devenir le valet de Phileas Fogg afin d’échapper à la police. Parce qu’il n’y a aucun autre moyen de fuir les forces de l’ordre, on dirait ?
Lau Xing doit retourner en Chine pour rendre à son village l’objet qu’il a dérobé, une statue de Bouddha. Ca tombe bien, Fogg fait le pari de faire le tour du monde en 80 jours, auprès de ses collègues de l’académie de science, caractérises grossièrement comme anti-progressistes.
Si Fogg réussit, il gagnera sa place à la tête de l’académie, mais s’il échoue, il n’aura plus le droit d’inventer. Les enjeux se veulent donc démesurément importants, mais c’est surtout très bête.
Durant leur périple, Xing et Fogg sont suivis par un policier anglais qui cabotine à mort, insupportable, par une guerrière asiatique qui veut récupérer la statue, et ses hommes déguisés en fonction du pays.
Je ne vais pas rentrer bien plus en détail dans les différents tournants de l’intrigue, qui est remplie d’incohérences et de raccourcis. Sans raison valable, après un passage en France, les héros se retrouvent aussi accompagnés d’une peintre, juste parce qu’il y avait besoin d’un personnage féminin pour nous servir une romance bidon.
Alors que Phileas Fogg est censé être le génie incompris et solitaire, Le tour du monde en 80 jours nous ressort les messages bateaux habituels sur la découverte du pouvoir de l’amour et de l’amitié… mais sans qu’on ressente la moindre complicité entre les trois personnages principaux.
L’humour du film est, au mieux, simplement pas drôle, et au pire, embarrassant. Je suis resté stupéfait bien des fois. Il doit y avoir un seul gag qui m’a amusé. Sur 2h, ça fait peu. Pour donner une idée du niveau, il y a un type qui a perdu ses tétons après avoir été attaqué par un requin, et une vieille voleuse qui mord Chan à l’épaule, puis chute d’un mur la tête la première. Oui oui, ce sont censés être des gags.
On sent que les enfants sont le public visé (après tout, c’est un Disney !), mais c’est fait par des gens qui prennent les enfants pour des idiots.
Les gags sont éculés, les acteurs surjouent et se ridiculisent.
Les cameos de personnalités historiques qui durent deux secondes sont complètement inutiles, ça relève même pas du gag : on aperçoit Toulouse-Lautrec par une fenêtre, et c’est tout.
On a aussi Macy Gray qui joue une femme qui dort, elle a une réplique, j’ignore complètement pourquoi elle est là, c’est à croire que le réalisateur pouvait faire apparaître tellement de personnalités qu’il ne savait plus qu’en faire.
Un des atouts commerciaux du Tour du monde en 80 jours, c’est ce casting très hétéroclite et surprenant. Je sais pas ce que Cécile De France fait là, parce qu’elle joue très mal ; je me demande si elle n’a pas été sélectionnée pour son nom, évoquant le pays dont son personnage est la représentante.
Mais au lieu de se réjouir de voir tant de stars convoquées en un seul film, c’est plutôt triste de les voir réunies pour une œuvre aussi pourrie.
Dommage que Jackie et Schwarzie n’aient pas été côte à côte dans un film d’action au lieu de ça… en plus l’ex-gouverneur de Californie arbore un look particulièrement moche, et joue étonnamment mal.
C’est plus tragique encore de voir Michael Youn ou Rob Schneider débarquer…
Owen Wilson fait une apparition dans un décor de western, histoire de nous rappeler l’horreur de Shanghaï kid, d’autant plus qu’il joue, comme toujours, un personnage de branleur prétentieux et insupportable.
La laideur de l’affiche est assez représentative de l’esthétique du film, en fait. On retrouve cet aspect cheap dès le générique de début, avec l’animation des textes et du logo. Dès la fin du générique de début, je m’étais déjà dit que ce film était nul, et pourtant je n’avais encore rien vu de tous ces CGI dignes d’un DTV ou d’un économiseur d’écran. A chaque étape du périple, on a une modélisation en 3D des villes, d’une laideur infâme. Et ça devient encore pire quand ça cherche à imiter le style des peintures impressionnistes (enfin je crois), ou alors plus tard quand ça tape dans le cartoonesque. La statue de la liberté fait un clin d’œil, le chemin de fer se transforme en une série de dominos entourée de rouages et d’horloges (mais… pourquoi ???).
A vomir.
Je précise que le réalisateur est responsable de 5 comédies d’Adam Sandler et 2 de Kevin James, ça en dit long sur son bon goût.
Il y a quelques cascades correctes : une femme qui passe sous une table en faisant le grand écart, et Jackie Chan qui se bat avec un banc exactement comme dans La danse du lion.
Mais les combats sont quand même mauvais. C’est chorégraphié par Chan, mais c’est gâché par l’usage de câbles, le cadre, le montage, et des gags qui traînent en longueur et empiètent sur le reste. Je ne vais pas détailler davantage car les problèmes sont pratiquement les mêmes que dans les autres films Américains de Jackie Chan, et j’en ai déjà parlé dernièrement.
La musique des moments d’action ou d’aventure, très générique, m’a vite pris la tête, parce qu’elle semble faire tous les efforts possibles pour compenser une absence totale de tension.
C’était de la merde. Tout ce que je peux dire de positif sur Le tour du monde en 80 jours, c’est que ça n’est pas pire que Le smoking et Le médaillon. Mais c’est de la grosse merde quand même.