C'est tout con mais c'est évident quand on le sait. Dieu existe bel et bien et il habite à Bruxelles. C'est même par-là qu'il a débuté son Ouvrage, sa Grande Oeuvre. Bon, en fait, il a créé tout ça (la vie, l'humanité, toutes ces conneries) non pas par altruisme ou volonté artistique mais tout simplement parce qu'il se faisait un peu chier. Et il est pas vraiment du genre affable non plus, le Saint Père. Ca serait même un gros con qui gueule sur sa femme et sa gamine, jamais vraiment remis du départ de son fils, parti depuis belle lurette faire le con en répandant la bonne parole.
C'est peu dire que la proposition de Jaco Van Dormael était alléchante, surtout entre les mains d'un cinéaste tel que lui. Le potentiel délirant était poussé à son maximum, et l'on pouvait même espérer une réflexion pas piqué des hannetons sur la vie, la mort, les frites. A l'arrivée, les promesses ne sont pas forcément tenues comme on l'espérait, ce qui n'empêche pourtant pas ce Tout Nouveau Testament de conserver quelques belles choses.
Clairement trop long pour son propre bien, accusant de sérieux problèmes de rythme, Le Tout Nouveau Testament peine à tenir la distance sur près de deux heures. Si la première partie est franchement séduisante et drôle, la suite traîne beaucoup trop la patte, se reposant sur beaucoup trop de personnages et sur une intrigue extrêmement fine qui n'aboutira pas à grand chose.
L'autre problème réside dans le ton adopté, certes décalé et parfois même touchant, mais plus d'une fois ampoulé, presque poseur, comme si le film avait conscience de ses propres effets. Même constat envers le casting, mêlant stars francophones et comédiens moins connus du grand public, pas toujours très naturel même si l'on pourra apprécier la grande gueule d'un Benoît Poelvoorde détestable, l'air lunaire de Yolande Moreau et le contre-emploi d'un François Damiens étonnamment attachant.
Dommage car une fois n'est pas coutume, Jaco Van Dormael soigne son cadre, accouche de fugaces moments de pure poésie, proposant un OFNI indescriptible traversé d'une certaine grâce quand il se laisse véritablement aller. Il y a quelque chose d'à la fois beau, tragique, absurde, mélancolique et même drôle dans ce Tout Nouveau Testament. Mais il y a aussi comme une sorte de vide, de futilité, qui l'empêche d'atteindre une véritable réussite.