Une comédie belge, extravagante et fantastique. Doté d’une réalisation originale, fine et audacieuse de Jaco Van Dormael, connu notamment pour Mr Nobody. Le Tout Nouveau Testament à été présenté à la quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes de cette année 2015 et a reçu un accueil enthousiaste, pour son humour et son histoire émouvante.
La petite soeur de J.C. fait sa crise d’adolescence
Sans être une critique de la religion, l’histoire est une parodie du Nouveau Testament racontée au travers de la fille de Dieu, Ea. Elle est l’héroïne de cette épopée et part en quête de 6 nouveaux apôtres. Entre alors en scène des personnages hauts en couleurs et pourtant banaux, interprétés par des acteurs de renom.
Catherine Deneuve, loin de s’imaginer la voir refaire cette pastiche de King Kong. Pili Groyne ,dans le rôle d’Ea, malgré son jeune âge, s’évertue à être à la hauteur des autres acteurs et c’est une réussite. A leurs cotés, Benoit Poelvoorde et Yolande Moreau, jamais aussi bon ici que dans ce genre de film.
Parodie du Paradis
Les films belges ont en général cette qualité d’user d’auto dérision naturellement. En posant le décor du paradis dans un Bruxelles grisâtre et pollué, on comprend déjà l’ironie du film. Même Dieu est présenté comme un chômeur odieux, alcoolique et violent. Cette banalité sert à montrer qu’il n’y a pas vraiment de barrière entre l’homme et le créateur. Il n’y a pas de croyance déterminée, les hommes ne sont pas destinés à être bons ou mauvais, mais deviennent l’un ou l’autre au fil de leur vie.
On y trouve un véritable humour dévorant mais léger, qui rappelle Le fabuleux destin d’Amelie Poulain. S’enchaînent des situations extravagantes où la caméra passe du côté de l’imaginaire, univers curieux auxquels le spectateur s’accorde facilement. Il y a ces moments intimes également, où les apôtres se confient au spectateur, l’impliquant à leur vision du Monde.
Mise en scène et photographie divine
Une véritable perfection de l’image et des plans qui détonnent pour une comédie. On ne s’attend pas à cette finesse et cette qualité d’image, travaillée pour chaque plan. Un véritable jeu de lumières et d’angles de prises de vue s’opère, valorisant des détails comme les yeux larmoyant des acteurs. Jaco Van Dormael réussit à créer une ambiance onirique, implantée dans l’ordinaire à la Gondry.
Pour ajouter une dimension lyrique à l’univers, la musique prend sa part significative au sein de leur quête. Chaque apôtre portant sa propre mélodie dans le coeur, on se laisse bercer par des airs d’opéra connus mais aussi des classiques de variété française. Encore une fois, le surréalisme s’imbrique parfaitement dans l’univers créé par le réalisateur.
Au final, Le Tout Nouveau Testament n’a rien de « tout nouveau » mais s’adresse à un public large, et mérite une réception miraculeuse lors de sa sortie en salles le 2 septembre 2015.