Le réalisateur de Toto le héros nous fait un film avec tous ses potes sur le sens de la vie... A moins que se soit une farce sur la condition humaine ???
Jaco Van Dormael, grand seigneur du cinéma belge malgré seulement trois films au compteur, qui après l’échec commercial de Mr Nobody s’était alors consacré à ses autres amours (le théâtre et l’opéra). Six ans se sont écoulés depuis et l’ami Jaco est enfin de retour avec son quatrième long-métrage Le Tout nouveau Testament, réunissant par la même occasion la crème du cinéma belge.
Ce qui est intéressant avec ce Tout nouveau Testament c’est qu’il est autant abhorré qu’adulé par le public et la presse. Autant à sa projection à la Quinzaine des Réalisateurs au dernier Festival de Cannes, le ressenti qu’exhalait le film était globalement positif, autant à sa sortie dans les salles obscures, les avis divergeaient farouchement, la faute à une campagne marketing douteuse. Malgré qu’il divise considérablement, Le Tout nouveau Testament permet à Van Dormael de renouer avec le succès.
Alors évidemment, on entend de tout sur le film, allant de l’œuvre blasphématoire à la comédie mièvrement optimiste en passant par L’OFNI sans concession, mais pourquoi (bon dieu) autant de débridements aussi exacerbés ??? Car si vous n’avez jamais vu un film de ce vieux filou de Van Dormael, vous seriez bien étonné du résultat tant il s’éloigne des appréhensions et autres prémonitions que pouvaient susciter la bande-annonce frénétique.
Non Poelvoorde (divin !!! En roue libre dans la peau de ce Dieu Made in Belgium) n’a pas le rôle principal. Comme il aime le dire en interview, il est le deus ex machina. Le protagoniste principal est la petite fille de Dieu répondant au nom d’Éa (dont un des pouvoirs est de quand même multiplier les sandwichs au jambon, ça ne s’invente pas) interprété par la talentueuse Pili Groyne (sans conteste la révélation du film).
Non ce n’est pas une comédie familiale débilitante comme on en voit beaucoup (trop) dans le cinéma francophone actuel. Oui, ça peut paraître parfois niai, voir simple, avec ces personnages au comportement quelquefois ingénu, mais c’est tellement rafraichissant et stimulant, voir jouissif. Et puis ça déborde de bons sentiments, de bienveillance, on est clairement dans du feel good movie et c’est tellement revigorant qu’on en oublie les petits défauts. Et pour ceux qui ne trouveraient pas ça drôle, il faudrait peut-être vous questionner sur l’état de votre second degré.
Et il reste encore le meilleur !!! Jaco Van Dormael, cette fois épaulé par Thomas Gunzig à l’écriture. Deux univers qui ne pouvaient que se rencontrer et qui nous offrent une pléiade de symboliques universels, à la fois humaines et drôles (attention humour d’absurde) teintées de poésie. Même quelques clins d’œil au cinéma expressionniste viennent se semer par-ci par-là (Tim Burton devrait absolument voir ce film).
Enfin la mise en scène du réalisateur belge, elle, reste un petit bonheur pour les mirettes. Enchaînant les effets de styles (dont un travelling circulaire renversant que n’aurait pas renié De Palma), le film est d’une beauté confondante dont elle n’a d’égale que la virtuosité de certaines trouvailles scénaristiques telles que les lois de l’emmerdement universel ou encore les quelques péripéties de l’impayable Kévin.
À voir et à revoir absolument !!!