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Représentant nouveau de de la subversion face au conservatisme ambiant, Le Tout Nouveau Testament est finalement plus conventionnel que n’importe quelle sortie actuelle. Triste constat d’un cinéma actuel sans la moindre rigueur.
Un vrai malheur pèse en ce moment sur les productions jugées nouvelles, inventives ou revendicatrices : elles se cachent derrière une façade, visuelle ou bien idéologique, qui leur permet de s’ériger en nouvelle poésie contemporaine face à la morosité. Ce Tout Nouveau Testament de Jaco Van Dormael en est le plus clair représentant tant il se cache derrière une supposée fantaisie pour resservir le même discours misérabiliste et engoncée dans les esprits depuis belle lurette, à savoir celui de profiter de nos derniers instants sous peine de mourir sans joie. Mais derrière un discours enfantin se cache la condescendance totale d’un créateur qui voit dans les personnes une incapacité de s’extirper de leur déterminisme. Leur seule planche de salut étant d’être sous le joug d’une autre entité biblique, car Dieu, en vrai, est un vrai salaud.
Il n’est pas difficile de comprendre où veut en venir le réalisateur, s’érigeant lui-même en porteur de la bonne parole sous les traits d’une jeune fille, lui permettant de nous resservir la soupe habituelle et calibrée que tout le monde aime avaler. D’autant qu’il ne suffit pas de faire des métaphores à la chaîne pour espérer devenir poète, ce qui résultera à l’écran d’un didactisme visuel d’une profonde bêtise (tout est expliqué, remâché pour être mieux digéré). Servi par un casting des plus basiques (François Damiens dans un rôle faussement dramatique, Poelvoorde qui cabotine ou Yolande Moreau en débile profonde), on comprend vite que ce film est dépourvu de sens comme de rigueur idéologique, préférant sacrifier sa portée philosophique sur l’autel des miséreux qui n’attendent que de voir des arcs en ciel en dentelle. Du cinéma qui se mord la queue, mais qui en plus, se pense intelligent.