Le film est un modèle de cinéma façon Guitry. Le générique, avec son défilé de comédiens et techniciens est déjà un film dans le film... Ensuite, à la façon dont il avait procédé dans son premier film "Le roman d'un tricheur" le cinéaste entame un long et savoureux récit en voix off, faisant l'état des lieux du village de Cantenac et le portrait de ses habitants, de ses notables, dont il raille la médiocrité franchouillarde. Malmenant ses personnages (seuls l'idiot du village et la jolie mercière-forcément, c'est Lana Marconi- trouvent grace à ses yeux), le cinéaste découvre sa misanthropie et sa vision désabusée de la nature humaine en des propos acerbes, parfois méprisants, dont la virulence -la charge, dans un autre style, est comparable à celle d'un Clouzot- est à peine atténuée par l'humour et l'enivrant esprit de son auteur. En tout cas, le parisien entre tous qu'est Guitry n'épargne pas la ruralité...
Par extension, on peut voir dans le microcosme mesquin qu'il décrit le symbole d'une France dégénérée par les querelles et la bêtise. Guitry prétend avoir la solution et le trésor de Cantenac introduit, en même temps que la dernière demi-heure plus sérieuse et parfois solennelle, une idée sociale conservatrice pour ne pas dire réac de la part de l'auteur.
Délaissant la voix off, le désargenté baron de Cantenac, descendant d'une grande famille, est en quelque sorte le seigneur parmi ses manants. On ne s'en étonnera pas considérant l'immodestie de Guitry au cinéma où il n'a joué que des bourgeois et des grandes figures historiques; de même qu'on n'est pas surpris que le regard qu'il jette sur le peuple reproduise l'amertume qui est la sienne depuis ses ennuis de la Libération. Dommage toutefois que la comédie, dès lors, perde son impertinence et son esprit satirique.