On a beaucoup dit de Sorcerer qu’il était le remake américain du film de Clouzot, Le salaire de la peur. Oui, mais pas que. Et si sa vraie matrice se trouvait dans la dynamique Hustonienne, dans le désert crasseux et cruel qui parcourt Le Trésor de la Sierra Madre ? Là où les éléments semblent se déchainer plus que d’ordinaire. Là où les visages sont durcit par l’avidité. Là où la quête est aussi absurde au début que ne l’est son fiasco final. Si chez Friedkin, c’est uniquement après la réussite exténuante et in-extrémis de l’affaire que des tueurs viennent tout anéantir dans un hors-champ mémorable, chez Huston c’est une bourrasque de sable qui s’empare de l’or aussi abruptement que le filon avait été débusqué. C’est donc un film d’aventures dans la tradition du genre, avec des rencontres, des affrontements et de l’or, un film fantasme qui une fois de plus avec Huston, me laisse au mieux sur ma faim, au pire sur la touche. C’est à ce jour ce que j’ai vu de mieux de sa part mais ça n’atteint jamais le fantasme que je m’en faisais – Ou alors au tout début dans les prémisses du voyage et à la toute fin, magistralement ironique. Ça manque de chair et de rythme, de climax et de sidération. L’impression continue que Huston en fait trop ou pas assez ; Qu’il voudrait faire un film de personnages mais échoue à n’en produire que des caricatures. Qu’il voudrait jouer avec l’immensité du désert mais ne se plait vraiment que dans ces risibles échanges de gunshots. Et si l’on apprécie les marques que le temps vient infliger sur le visage de Bogart, la mise en scène ne crée jamais cette envoutement et cette aliénation que l’on retrouvera chez Friedkin. Déception relative donc, mais déception quand même.