le Trésor de la Sierra Madre est souvent assimilé à un western en raison de son décor aride mexicain et en même temps magnifique, et aussi de sa quête de l'or, mais je ne suis pas tout à fait d'accord avec cette assertion, ce n'est plus l'époque classique du western, on est dans les années 1920-30, et d'autre part, le propos tient plus du conte philosophique et moral. John Huston, excellent conteur, adapte le roman mythique de B. Traven (auteur dont on n'a jamais trop su qui il était vraiment), et montre comment le précieux métal jaune peut corrompre l'âme humaine au sein d'un quarteron d'aventuriers-prospecteurs qui affrontent difficultés, intempéries, périls et nature hostile, mais surtout qui s'affrontent entre eux, corrompus par ce qui les rassemble et les divise, la concupiscence et l'appât du gain. Max Steiner illustre ces turpitudes avec des notes nerveuses et mélodramatiques bien dans son style musical. Huston malmène ses personnages et s'amuse de l'inanité de la course à la fortune ; le rire libérateur final est d'ailleurs une réponse gouailleuse à la tension et au suspense qui l'ont précédé. Huston qui fait une petite apparition face à Bogart (l'homme en blanc de Tampico), reçut l'Oscar du meilleur réalisateur tandis que son père Walter Huston fut récompensé par l'Oscar du meilleur second rôle. Quant à Bogart, il était dans une belle période de chefs-d'oeuvre, le film ayant été tourné entre les Passagers de la nuit et Key Largo. Un grand classique à voir !