Comanche fais ?
Jake Wade (Robert Taylor), homme au passé peu reluisant mais aujourd'hui shérif respectable, a la bonne idée de délivrer un de ses anciens complices (Richard Widmark), envers qui il avait une dette...
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le 16 nov. 2012
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Mon titre de critique reprend littéralement la traduction du titre original, c'est toujours mieux que le titre français trompeur car il n'est nulle question de pendu et de trésor dans ce film, il y a juste un magot planqué dans une ville fantôme et qui va faire l'objet d'un affrontement impitoyable entre 2 aventuriers jadis associés dans le crime, et dont l'un, Jack Wade a viré cette partie de sa vie pour devenir sherif. Cependant, au début du film, il fait évader son ancien complice, Clint Hollister qui allait être pendu, en règlement d'une ancienne dette, d'où l'allusion du titre français...pfiou, fallait le trouver quand même.
On peut sans mal considérer le Trésor du pendu comme un des westerns majeurs de John Sturges, certes inférieur aux Sept mercenaires ou Fort Bravo qui restent ses meilleures réussites dans le genre, mais à l'égal du Dernier train de Gun Hill ou de Règlement de comptes à O.K. Corral. Soutenu par un tandem d'une grande puissance entre Wade et Hollister (incarnés respectivement par Robert Taylor et Richard Widmark), le film raconte un conflit entre 2 anciens bandits, auquel s'ajoute la menace indienne qui pèse tout au long du récit.
Le scénario semble simpliste, mais c'est une erreur de le croire, en fait il se révèle plus complexe et plus riche qu'on ne pourrait le croire au premier abord, notamment par les rapports assez ambigus et inhabituels dans le cadre westernien entre Wade et Hollister, c'est tout juste si ça ne frôle pas la relation homosexuelle platonique, un sujet très freudien qui en effet peut surprendre dans un western, mais c'est sans doute une analyse trop poussée, une analyse que les critiques intellos aimaient imaginer dans les années 50. Moi, j'ai beaucoup vu ce western étant gamin, et puis aussi une fois devenu adulte, je n'ai jamais eu cette idée, c'est bien un truc tordu de critique.
Ce qui compte dans ce western, comme dans le Dernier train de Gun Hill ou Sept secondes en enfer, c'est l'aspect psychologique, Sturges y aborde la violence et la mort comme de véritables thèmes cinématographiques, l'issue ne peut être que tragique et ne doit fatalement se terminer que par la mort de Wade ou d'Hollister, il délaisse les grandes chevauchées pour préfèrer une série de petites actions individuelles plus prenantes, en ne perdant jamais de vue les personnages. Malgré tout, l'attaque des Comanches dans la ville fantôme est un bon morceau de bravoure.
Il faut aussi saluer la photo de Robert Surtees qui magnifie des décors splendidement intégrés à l'histoire ; c'est un western des grands espaces où l'action se déplace au sein des magnifiques paysages naturels de la Vallée de la Mort et de la Sierra Nevada, mais il y aussi le décor inquiétant de la ville abandonnée, vestige d'un Far West disparu, qui sert de champ de bataille aux protagonistes.
En 1958, Sturges se trouvait à l'apogée de sa carrière de westerner, sa mise en scène est donc d'une grande sûreté, de même que les 2 vedettes sont bien soutenues par un bataillon de solides seconds rôles comme Robert Middleton, De Forest Kelly, Henry Silva ou Eddie Firestone... seul le personnage féminin semble faible voire incongru dans cette histoire d'hommes, et l'actrice Patricia Owens n'est guère convainquante, mais ce n'est pas bien grave tant on a d'yeux pour Richard Widmark dont l'interprétation toute en force et en puissance atteint un tel niveau qu'il en éclipse presque son glorieux partenaire Robert Taylor.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes le Best of du Western, Les meilleurs films de John Sturges, Western : les titres bidons, Richard Widmark - films et Les films préférés lorsque vous étiez enfants
Créée
le 31 mai 2020
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