L'erreur de Karl Zéro est de s'être cru capable de faire un long métrage avec les mêmes principes que ses courtes et impertinentes interventions sur le petit écran. Karl Zéro maitrise d'autant moins sa mise en scène que son style de séquences brèves ne permet pas la moindre cohésion. De sorte que son agglomérat de provocations tout azimut donne au film un aspect foutraque et abrutissant. Le sujet permet cette dispersion parce qu'il est le récit de l'inconcevable périple d'une valise contenant un tronc humain, laquelle, passant de mains en mains, traverse les endroits les plus divers et les plus étranges.
Inspiré de l'affaire Simone Weber, le film parodie et provoque grossièrement à coups de sarcasmes incessants et de délires fantasmatiques souvent violents. Karl Zéro s'en remet complaisamment au gore et au sexe et révèle ainsi les limites de son talent pour le mauvais goût. Les bonnes idées se noient dans la masse incohérente.
Film foisonnant de thèmes, "Le tronc" surprend, certes, par son agressivité et son irrévérence mais fatigue par son absence de structure et de modération.
La meilleure idée de l'auteur est d'avoir prêté au tronc (pour qui s'en souvient) la "voix" de TF1 qui, pour l'occasion, s'auto-parodie savoureusement.