Un homme d'une trentaine d'années sans histoire, vivant dans un petit village normand, très gentil mais un peu simplet, va hériter par son oncle de son auberge, nommé Le trou normand. Mais dans son testament, il stipule que pour acquérir le bien, il va devoir réussir son certificat d'études dans l'année. Ça ne va pas plaire à sa tante, par ailleurs maitresse du défunt, qui veut qu'il échoue à son examen, jusqu'à employer les charmes de sa fille de 17 ans...
Le trou normand est ce qu'on appelle un film gentil. Plein de bons sentiments. Mais dont la bonne humeur est propagée par Bourvil que je trouve délicieux dans ce rôle. Il faut se souvenir qu'au début de sa carrière, au mitan des années 1940, il jouait beaucoup de ce côté paysan normand benêt, comme c'est le cas ici. Il ne s'aperçoit pas que sa tante, jouée par Jane Marken, lui met sans arrêt des bâtons dans les roues, et tout le film raconte comment sa gentillesse, je dirais même sa pureté, en font un être admirable.
Mais si Le trou normand reste dans les mémoires, c'est aussi et surtout parce que c'est le premier film où joue la toute jeune Brigitte Bardot, alors âgée de 17 ans : au vu de sa carrière, on comprend d'autant mieux son personnage, qui a envie de s'émanciper, jusqu'à vouloir devenir une vedette de cinéma, grâce à un imprésario joué par Roger Pierre. Qui d'ailleurs la drague assez lourdement, lui passant la main sur son épaule, et qui lui force même un baiser comme pseudo test.
Il y a aussi le décalage amusant de voir Bourvil dans une classe peuplée de garçons de 10 ans, et il s'intègre parfaitement à leurs jeux enfantins. En tout cas, on ne regarde pas Le trou normand pour son scénario ni pour la mise en scène de Jean Boyer mais au fond pour son charme suranné, et c'est déjà pas mal.