Oh putain, il faut se le taper celui là ! Je sais assez peu de chose sur ce Raoul Foulon si ce n'est qu'il était photographe de plateau et pour des magazines érotiques. Et c'est une chose qui se retrouve un peu dans son seul et unique film qu'est ce "Trouble-Fesses". Dans la grande tradition des pantalonnades des années 70, on filme de la fesse et des seins à l'air, c'est obligatoire.


On sent que le film se situe dans une période où le féminisme commence à battre son plein et le patriarcat à être sérieusement contesté. Une grosse partie du comique du film consiste à faire perdre aux hommes leur virilité. D'ailleurs c'est bien simple, les mâles dans ce film sont soit des imbéciles soit des obsédés sexuels (les deux la plupart du temps).


En fait le scénario du film c'est Maurice Risch qui couche avec la fille d'un maffieux Italien joué pas François Maistre, et se dernier en représailles charge ses sbires de le castrer. Ca résume bien l'état d'esprit. Il ira donc chercher refuge auprès de son oncle, un marchand de pizza à Paris joué par Vittorio Caprioli, qui charge un de ses employés joué par Michel Galabru de s'occuper de lui. Galabru logera donc Risch chez lui mais ce dernier, terrible prédateur sexuel, ne pensera qu'à tringler la femme de son hôte jouée pas Bernadette Lafont. Galabru trompe aussi sa femme avec sa secrétaire jouée par la ravissante Anicée Alvina, vedette des pornos d'Alain Robbe-Grillet.


Maurice Risch fait partie de ces trognes sympathiques, de ces très bons seconds rôles du cinéma français. Il a eu le premier prix de conservatoire dans les années 60, pourtant sa prestation ici n'est pas digne d'éloge. Il est assez fatigant, mais il faut dire que ça va bien avec son rôle de dragueur lourdingue. Galabru parvient à faire rire ci et là dans son registre habituel qu'il maîtrise parfaitement, mais ce sont les femmes qui s'en sortent le mieux. Bernadette Lafont et Anicée Alvina sont les seules qui ont vraiment la sympathie du spectateur.


Le vrai morceau de bravoure du film, c'est un gag autour d'un pantalon. Galabru se tache le froque avec de la peinture, il rentre chez lui, enlève son pantalon, et ce dernier, solidifié par la peinture, reste debout, sur place. Galabru, à coté, se retrouve en caleçon. L'homme a perdu la culotte. Ce pantalon plein de peinture reste là, debout mais sans corps dedans, comme une installation d'art contemporain. C'est comme si Raoul Foulon, en un plan, résumait toute l'histoire d'un genre cinématographique, faisait une anthologie de caleçonnade. C'est assez poétique finalement.


Il y a aussi le générique en dessin qui est plutôt marrant. On y apprend que le film est dédié au monteur Borys Lewin. Un passe-droit de choix pour le paradis !


A part ça, c'est quand même un visionnage assez éprouvant. La réa est fauchée, c'est mal écrit, il y a pas mal de gags pas drôles qui trainent en longueur pour remplir les 1H25, il y a des apparitions en coup de vent et décevantes d'Alice Sapritch et de Dominique Davray, ça crie, ça gigotte...


Ne voyez pas ce film si vous êtes de mauvaise humeur, ça peut vous donner des envies de suicide. Voyez le si vous êtes dans un état d'esprit très serein. Il faut sentir, se laisser envahir par le néant de la plus profonde médiocrité. A ce moment là seulement vous pourrez vraiment vous marrer et y prendre plaisir.

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le 30 sept. 2020

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