Gabin face à Blier
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Considéré par beaucoup comme mineur, très peu visible à la télévision comparé à d’autres titres, ce film de Gabin se défend pourtant pas mal. Certes, le schéma est convenu et la rivalité entre les personnages de Gabin et Blier est caricaturale, mais cette histoire de cavale portée par un Fabio Testi plutôt convaincant ne manque pas d’atouts. Le personnage de ce dernier semble, d’abord, tout droit sorti d’un polizziottesco en raison de sa propension à dégainer et tirer facilement. Personnage violent mais attachant, il est le véritable protagoniste du film. Gabin, il faut bien l’avouer, fatigué et usé, et Blier, toujours aussi juste même s’il n’est pas simple d’en imposer à Gabin, servent la seconde intrigue du film, à savoir une lutte intestine au sein de la police et de ses méthodes. Le propos marque bien son époque et il a donc son importance historique pour les amateurs de polars français.
Gabin, bien entendu, incarne la vieille école et son rôle lui va comme un gant. Le personnage de Blier aurait certainement supposé un acteur un peu plus jeune, plus cinglant et plus arrogant. Leur confrontation, si elle est savoureuse, aurait aussi mérité d’être davantage approfondie et nuancée. Ces remarques exceptées, l’ensemble fonctionne bien et se révèle particulièrement efficace. À l’action feutrée de la police, souvent réduite à quelques lignes de dialogue, répond la fougue du chien fou à la gâchette facile. Emballé en 1h25, le résultat est nerveux et constitue un polar qui se suit sans ennui dans lequel on découvre aussi un tout jeune Depardieu déjà plutôt à son aise dans le rôle d’un petit voyou sans envergure.
Ce sympathique polar incarne aussi très bien cette transition entre le polar des années 60 et celui de la fin des années 70, autrement dit celui d’une police qui met encore des costumes trois pièces avant d’enfiler des jeans. Autrement dit, un polar sur l’évolution de la police, encore très ancrée dans la décennie précédente mais dont les réflexions annoncent celui qui renaîtra à la fin des années 70 et une nouvelle génération d’acteurs. Dommage que le final un peu abrupt ne soit pas tout à fait à la hauteur de l'attente suscitée.
6,5/10
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le 9 mars 2024
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