Le Tueur de l’Autoroute… Derrière ce titre français de téléfilm de seconde partie de soirée se cache en fait un thriller autoroutier tragicomique néerlandais. Voilà, nous venons déjà de perdre la moitié des lecteurs à l’annonce de l’origine de ce film. C’est vrai que les Pays-Bas, ce n’est pas le pays le plus représenté en termes de sorties DVD/BR/VOD/Cinéma dans nos contrées et rares sont les films du pays de la tulipe et du chichon qui atterrissent sur DarkSideReviews. Donc à L’Ascenseur et sa suite L’Ascenseur : Niveau 2, à New Kids Turbo et sa suite New Kids Nitro, et à Kill Dead Zombie ! vient donc s’ajouter Le Tueur de l’Autoroute, a.k.a. Bumperkleef dans la langue natale de Dave, une série B qui partage d’étranges similitudes avec le récent Enragé, avec Russel Crowe, sorti en 2020, soit un an après. De là à dire qu’il y aurait eu une fois de plus inspiration, il n’y a qu’un pas. Mais ça, on en reparlera dans la chronique qui sera consacrée au film de Derrick Borte.
Le Tueur de l’Autoroute rentre dans le vif du sujet immédiatement. D’entrée de jeu, on va faire la connaissance de Ongedierteverdelger Ed, qu’on appellera Ed pour plus de facilité, notre psychopathe de service. Ed est un grand gaillard un peu psychorigide du code de la route, voire un fanatique sur le sujet. Quand quelqu’un fait quelque chose sur la route qui ne lui plait pas, il va le dézinguer avec un pulvérisateur de produits chimiques rempli d’acide. C’est là que va entrer en lice une petite famille modèle : papa, maman, et leurs deux fillettes. Enfin, famille modèle, c’est vite dit, le papa semble être l’archétype du macho têtu au possible. Bref, forcément, car sinon il n’y a pas de film, notre petite famille va finir par se retrouver rapidement confrontée à notre taré de première. Alors que ce dernier se baladait sur l’autoroute en respectant parfaitement la limite de vitesse, bien que squattant volontairement la voie de gauche pour faire chier la populace, notre famille, qui est en retard pour aller manger chez mamie, ose le klaxonner à de multiples reprises pour qu’il bouge sa fourgonnette de merde. Lorsque Ed retrouve notre famille presque modèle sur une aire d’autoroute, parce qu’il fallait bien recharger ces petits véhicules en essence, il insiste auprès du père de famille pour avoir des excuses de sa part. Notre jeune effronté, ne voyant pas ce qu’il a fait de mal et refusant que quelqu’un d’autre lui dicte la conduite qu’il doit avoir sur la route, refuse de s’excuser et bouscule gentiment notre grand fada adepte du pulvérisateur. S’engage donc une confrontation quelque peu improbable entre deux mâles alpha qui ont envie de prendre le dessus sur l’autre. Sauf que l’un, sous ses airs de durs, est simplement un gros macho qui en fait n’en a pas tant que ça dans le calbar, et l’autre est un colosse juste complètement fondu du ciboulot. C’est à partir de ce moment qu’une course poursuite va s’engager. Lorsqu’on regarde Le Tueur de l’Autoroute, on ne peut s’empêcher de penser à des films du genre Duel de Steven Spielberg ou encore Hitcher de Robert Hamon. Clairement, le film joue sur le même tableau avec cette famille qui va se retrouver aux prises d’un dangereux psychopathe du volant.
La première chose qu’on va constater lorsqu’on se lance dans le film, c’est que le néerlandais, c’est super moche à l’oreille comme langue. Ouais, non, ça ce n’est pas un argument pour parler d’un film. Non, ce qu’on va d’entrée de jeu constater, c’est ce malaise que le réalisateur instaure. La musique, les images assez froides, le regard de l’acteur incarnant Ed, l’excellent et imposant Willem de Wolf (Black Book, Lek), rien n’est là pour nous mettre dans un petit nid douillet. Au fur et à mesure que l’histoire se déroule devant nos yeux, on est pris dedans. Le suspense est bien géré, le film tendu de bout en bout malgré une trame au final assez linéaire et sans réelle surprise. Le Tueur de l’Autoroute est efficace dans son montage et sa mise en scène. Pas ou peu d’artifices, on est dans quelque chose de relativement brut de décoffrage. Sauf que les personnages font absolument n’importe quoi. Il est clair que, souvent, le stress mêlé à la peur, surtout lorsqu’on est en danger de mort, peuvent nous faire réagir de manière très étrange. Mais ici, c’est du grand n’importe quoi. Il y a un nombre incalculable d’invraisemblances qui viennent gâcher le tableau, au point qu’il est impossible de ne pas se dire des phrases du genre « mais qu’ils sont cons ! » ou « mais qu’est-ce qu’ils branlent !?! ». On ne compte pas le nombre de fois où notre gai luron au pulvérisateur aurait pu être mis KO, ou tout simplement retardé. Ça en devient improbable au bout d’un moment tellement on a l’impression que notre petite famille fait absolument tout ce qu’il ne faut pas faire. La dernière partie perd également un peu en intérêt lorsque le film passe du thriller routier au home invasion, étant donné le nombre de films du genre qui ont vu le jour ces dernières années. L’ultime plan, assez amoral, d’une grande ingéniosité, vient relever le niveau d’un film au final assez moyen, suffisamment court et rythmé pour maintenir l’intérêt malgré les défauts cités ci-dessus.
Le Tueur de l’Autoroute est un petit film sans prétention, efficace, au suspense bien géré, mais plombé par des personnages complètement débiles qui ne font jamais ce qu’ils devraient faire au point que ça en devient grotesque.
Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com