Assez méconnu aujourd’hui, Steve Beck est pourtant un petit nom intéressant dans le paysage cinématographique américain, puisque responsable des effets spéciaux d’Indiana Jones et la Dernière Croisade, d’Abyss et d’À la Poursuite d’Octobre Rouge. En qualité de réalisateur, il signe deux œuvres intrigantes qui revendiquent toutes deux un vrai savoir-faire en matière d’épouvante. Le Vaisseau de l’Angoisse arrive après 13 Fantômes et réitère ce même goût pour le burlesque macabre voire franchement horrifique – à l’instar de la scène d’ouverture – qui rappelle que le film d’horreur est avant toute chose une atmosphère lentement construite : ce grand bâtiment rouillé et suintant l’huile de moteur se transforme en piège où se cristallisent les vices ô combien bas du genre humain (l’or, les femmes, la nourriture). La thématique du revenant s’insère dans un héritage jamais nié et rejoue un univers de légendes folkloriques où des marins et leurs navires disparus viennent se venger des vivants : les ombres de The Fog et de Shining hantent l’imagerie du long-métrage, comme la jeune fille en robe blanche ou ce vieux capitaine dont les interactions avec les vivants donnent lieu à des scènes souvent touchantes, aidées en cela par la partition de John Frizzell qui, derrière le cahier des charges qu’une telle production impose, délivre un très beau thème principal. Si la psychologie des personnages ainsi que la clausule ne brillent guère par leur subtilité d’écriture, reconnaissons toutefois une certaine vision de l’horreur qui s’inscrit dans une tradition cinématographique où régnait l’artisanat. Un petit film franchement efficace.