Sorte de "Shining" flottant dont la fin est, malheureusement, bâclée.
Avec son concept du hanté, "Le Vaisseau de l'Angoisse" avait tout d'un "Shining" version flottante. Hélas, la fin du film déçoit trop pour que la comparaison soit équitable.
Le principe de la maison hantée a été employé à maintes reprises dans le monde du cinéma, dans des films tels que "Poltergeist" de Tobe Hooper ou "Shining" de Kubrick. Pour "Le Vaisseau de l'Angoisse", c'est le paquebot Antonia Graza qui sert de lieu de terreur à une équipe spécialisée de remorqueur, qui s'est mise en tête de récupérer le navire.
S'il y a bien une séquence à acclamer dans le film, c'est bien la scène d'ouverture, présentant les occupants du navire à l'époque où ce dernier n'était pas encore hanté, lors d'une soirée de fête, et nous donnant déjà certains indices sur la fin du film. Sans crier gare, les passagers sont tranchés net par un câble qui vient les traverser de part en part, à l'exception d'une jeune fille (Emily Browning, "Suker Punch", à ses débuts). La scène ne manque certes pas de culot ni de gore, mais elle apporte une dimension à la fois esthétique et dramatique au film, à la façon du "Shining" de Kubrick qui nous projetait des images extrêmement gores par-ci par-là, histoire de bien nous mettre dans l'ambiance du lieu hanté et de la folie de Jack Torrance, l'écrivain incarné par Jack Nicholson. En outre, cette séquence d'ouverture permet de présenter la situation et d'expliquer vite fait pourquoi le vaisseau est hanté, sans pour autant nous en dire plus sur le coupable de ces meurtres.
A partir de là, et ce jusqu'à ce que des phénomènes paranormaux se manifestant sur le paquebot, le spectateur se retrouve face à un scénario des plus classiques, qui commence par la présentation des personnages (dont Maureen qui se détache du lot, incarnée par Julianna Margulies), se poursuit par la scène où ils apprennent l'existence du navire abandonné, qui s'accompagne avec les habituels moments d'hésitation, de blabla, de décision et tout le tralala qui s'opère entre les personnages, et se termine avec leur arrivée sur le bâteau et l'apparition des phénomènes étranges, marquant le début de l'horreur et le point de non retour pour les infortunés explorateurs.
Etrangement, la tournure des évènements ne prend pas systématiquement un ton oppressant bien rythmé ni même un aspect purement horrifique avec des apparitions soudaines. Il y en a, certes, mais le film joue également sur les manifestations fantastiques pas spécialement terrorisantes, telles que la scène où Maureen part à la recherche du fantôme de la petite fille, survivante du massacre, ou encore celle où la salle de fête se rematérialise telle qu'elle était auparavant, toute belle, décorée, éclairée et bien vivante. Mais si les scénaristes Mark Hanlon et John Pogue se montrent parfois aussi doux, c'est parce que – en général – une scène forte en sadisme et en malveillance suit directement ce temps de repos. Il n'y a pas à dire: L'Antonia Graza est à l'angoisse et le cauchemard ce que le Titanic était à l'amour et le rêve.
Ce qui donne pas mal de style au film, c'est le montage de Roger Barton, qui aime faire défiler les séquences d'angoisses avec de brusques transitions entre accéléré et ralenti, ayant pour effet d'accentuer l'effet choc du film. Bien entendu, toutes ces scènes sont également bien rythmées par la musique de John Frizzell, omniprésente tout au long du film. La musique « My Little Box » est particulièrement intéressante, dans la scène où Maureen, entraînée par le fantôme de la petite fille, découvre à travers des images de flahback ce qu'il s'est réellement passé sur l'Antonia Graza.
Passé cette scène, le film sombre dans le néant avec sa conclusion simpliste, idiote et irréaliste. Il est quand même décevant de savoir que tous ces gens ont été tués parce que Satan avait besoin de remplir ses fonds, à la fois d'âmes et d'or. De plus, suite au combat final entre Maureen et celui qui est à l'origine de tout ça, le bâteau a beau exploser dans tous les sens, mais Maureen s'en tire sans une égratignure et parvient à s'accrocher à un radeau. Production américaine oblige, le film devait se terminer sur une note positive, avec le gentil triomphant du méchant. Pour une fois, les producteurs auraient pu opter pour un final plus démoniaque. Le résultat aurait été meilleur, sans aucun doute. Si « Le Vaisseau de L'Angoisse » démarre sans trop d'embûches, il ne parvient pas à bon port ; une semi-déception, donc.