Le port du gilet de sauvetage est conseillé

Il n'existe que deux films du Vaisseau fantôme qui n'ont pas été tournés dans un opéra. Le premier, de Joachim Herz, fut réalisé en Allemagne de l'Est en 1964, en noir et blanc, dans les décors naturels de la mer Baltique. Il n'existe pour le moment aucune réédition de ce film dans lequel le rôle de Senta est tenu par l'actrice et chanteuse polonaise Anna Prucnal, les autres rôles étant confiés à des acteurs est-allemands. Apparemment, leurs voix étaient doublées par des chanteurs professionnels.

La version de Kaslic, elle, bénéficie pour la musique de l'Orchestre de l'Etat de Bavière et du Choeur de l'Opéra d'Etat de Bavière, tous deux placés sous la direction du grand chef Wolfgang Sawallisch. Elle a été réalisée aux studios Bavaria Film dans une mise en scène très prenante et avec des décors qui, pour les intérieurs, pourraient parfaitement être des décors d'opéra, donc en bois et en carton-pâte. Pour les extérieurs, on reste un peu dans le carton-pâte pour des superbes navires grandeur nature et des mouvements tels qu'il serait difficiles d'en avoir même sur une très grande scène. Il paraît que les studios Bavaria Film sont réputés pour la capacité de leurs réservoirs d'eau et ce n'est donc pas elle qui manque. On aurait pu souhaiter des ventilateurs plus puissants pour avoir des voiles bien gonflées et aussi des machines à vagues mais bon, l'essentiel n'est vraiment pas là.

Le résultat de ces parti-pris est plutôt réussi: le spectateur n'a pas les inconvénients de la représentation d'opéra filmée (caméras statiques, fortes limitations dans les plans) et peut regarder et écouter l'œuvre avec d'excellents interprètes. On regrettera seulement la qualité sonore du DVD, inhérente au support, qui fait que l'on n'a pas les grands émois que l'on peut éprouver dans une représentation en direct. En un mot, ce film est une excellente initiation à l'opéra de Wagner, pour découvrir cette histoire hautement romantique et s'imprégner des flots de musique qui inondent le public dès les premières mesures. Après tout, on est dans un drame marin.