Le Vaisseau fantôme par Gregor Samsa
La principale qualité de ce film c'est l'ambiance, très impressionnante. La photographie et la musique sont presque parfaites. Presque car la musique, qui est bonne pendant tout le film (si on se rappelle que c'est un film hollywoodien) se termine comme d'habitude par les grandes notes qui donnent un ton complètement impersonnel au film. La fin s'approche d'ailleurs du sublime, mais voilà, c'est Hollywood, il faut pas choquer les habitudes du public, il faut rester dans la mention "aventure" avec "une petite histoire d'amour". Ça c'est le défaut principal du film, et c'est dommage parce que le film va assez loin pendant toute sa durée, donc on oublie que c'est cette industrie mangeuse de talent qu'est Hollywood qui est aux commandes. Bon là je me lâche mais la fin est pas si mauvaise, elle elle juste banale, mais à la fois très belle. Enfin bon c'est toute schizophrénie hollywoodienne qui parle, donc difficile de savoir si on aime ou pas. Disons que c'est dommage, comme pour bon nombre de films classiques américains.
Mais l'ambiance par contre est géniale, noire, charbonneuse, mélancolique ; on sent la mer, et c'est ça que je voulais ; on sent les vagues qui éclaboussent les marins, parmi eux le génial John Garfield. Quel présence ce mec. Par son rôle pas si grand que ça, et surtout légèrement parallèle à celui du Capitaine, on peut dire qu'il compense son faible nombre de lignes par sa présence, et donne l'impression d'être le personnage le plus important, le plus intéressant - bien que très peu développé. A ses côtés il y a la belle Ida Lupino, qui est parfois captée avec grace par la caméra de Curtiz. Et en parallèle il y a Robinson, très bon, et l'écrivain, qui aurait gagné à être joué par un acteur moins banal.
Un film à voir pour sa putain d'ambiance surtout.