En 1940 est créée par le régime nazi la Continental-Films avec le but de produire des films de propagande. Cet objectif ne sera jamais réellement rempli, ses productions se contentant de mettre discrètement en valeur la devise du régime de Vichy : "travail, famille, patrie". Le Val d'Enfer fait parti de ces films. Sous couvert d'une histoire d'amour chaotique, Maurice Tourneur met en scène une certaine idée de la famille, ainsi que le labeur des ouvriers français. Le film est parsemé de scènes montrant le travail des ouvriers d'une carrière, dont le propriétaire et le personnage central de l'histoire. Ces scènes sont très bien réalisées, l'Homme y travaille de concert avec la machine, insinuant l'idée d'une France moderne, fer de lance de la civilisation. On se demande quand même ce que ces scènes viennent faire dans cette histoire, si ce n'est pour gonfler l'orgueil des français.
L'histoire d'amour n'a rien d'exceptionnel, il s'agit quasiment un copié-collé de Madame Bovary. Une jeune femme perdue épouse un homme plus mûr, fort sympathique et ayant une bonne situation, mais totalement inintéressant. S'en suit l'inévitable adultère, la pomme de la discorde. Le dénouement et les différentes péripéties mettent en valeur l'idée vichyste de la famille. Pour ne citer qu'un exemple, les parents du mari qui vivent sous le même toit que les jeunes mariés, décident dans un douloureux sacrifice, de finir leurs jours dans un foyer pour retraité. Merci grand-père pour des bons et loyaux services, mais place à la jeunesse. Si ces propos n'ont rien de dérangeant contrairement à de nombreux films de "propagande", ils restent caractéristique d'une époque révolue.
Gabriel Gabrio et Ginette Leclerc sont excellents, c'est le premier élément pour lequel ce film mérite d'être vu. Sans être une propagande indigeste, le message est un peu daté. Le Val d'Enfer étant vraiment typique de cette époque, en comprendre les mœurs et ce qu'est une production de la Continental-Films peut également être une bonne raison de le visionner.