Indéniablement, certains aspects ont vieilli, notamment dans la réalisation ou même l'aspect légèrement pesant du paysage rural, si bien qu'on a parfois du mal à être captivé par le récit. Reste que cette dimension très sombre, agrémentée de scènes saisissantes et d'une construction plutôt habile, permettent de rendre « Le Val d'enfer » appréciable, voire très intéressant par moments. Car si la sensuelle Ginette Leclerc reste une belle garce, on ne peut s'empêcher de compatir à plusieurs reprises tant sa vie est d'un ennui indescriptible, tandis que les « gentils » ne s'y prennent pas toujours très habilement pour la rendre heureuse (euphémisme).
Cela permet à l'œuvre de proposer une dramaturgie assez forte, peuplée de seconds rôles un peu stéréotypés mais plutôt attachants. Dommage du coup que l'entreprise se termine sur un bon vieux « travail, famille, patrie » (nous sommes alors en 1943 : un hasard, sans doute) tout sauf subtil et finalement assez peu dans le ton du récit. Tant pis : les enjeux et le contexte restent suffisamment intéressants pour rendre le film appréciable, voire intense par moments, l'exemple-type du drame « à la française » durant la Guerre.