J’ignore pourquoi j’étais passé à côté de ce Décision à Sundown (titre que je préfère à l’autre tout à fait ridicule). Je crois que j’ai dû me mélanger les pinceaux dans les sept collaborations entre Budd Boetticher et Randolph Scott. Ce dernier n’est, à mon goût, pas leur meilleur travail. Pourtant plus amateur des westerns urbains que de ceux qui se déroulent dans des paysages désertiques, celui-ci se révèle trop statique et le portrait des habitants est trop caricatural. L’ensemble ne manque cependant pas de qualités, loin de là. Respectant à merveille les trois unités de temps, de lieu et d’action, le récit se présente comme une véritable tragédie. L’ultime ligne droite du film est une parfaite réussite avec ce refus du spectacle et une mise en scène ingénieuse de l’amertume telle qu’elle peut se concevoir.
Par son aspect psychologique et son ton désabusé, le film se rapproche d’ailleurs plus facilement d’une série A que d’une série B. Très peu d’action ici si ce n’est quelques fusillades lors d’un assaut peu crédible et deux gunfights qui tournent court. Pour l’habitué de ce type de production, le résultat peut paraître plutôt mou. Les enjeux psychologiques ne sont pas non plus renversants et certaines péripéties attendues déçoivent forcément quand inévitablement elles arrivent.
A ce film, qui a quelque chose à dire et qui possède une véritable griffe sur la fin, on pourra cependant préférer d’autres Boetticher plus secs, plus nerveux, plus tendus. C’est un peu trop pensé pour être de la série B, mais cela manque d’un peu plus de profondeur au niveau des personnages (certains évoluent trop ou pas assez) pour être totalement convaincant. On appréciera dans cet ensemble la qualité de l’interprétation, Randolph Scott bien entendu au premier rang, mais aussi ceux qui l’entourent. Un petit Boetticher pour ma part.