J'adore la langue Japonaise. Douce et mignonne dans sa locution, j'y trouve toujours un caractère enfantin bien agréable à écouter, que je ne trouve nul par ailleurs. Néanmoins comme toutes les langues, elle peut être utilisée par des gens sérieux. Au travers d'une langue aussi douce peut donc se communiquer des choses graves et difficiles. Ce nouveau Miyazaki se rapproche de ma définition de cette langue. Le film est d'une très grande légèreté et peut même s'avérer naïf, pourtant quand le perce on y trouve un message assez pessimiste sur la façon de vivre et de voir notre vie.
Dans ce film, Hayao nous parle du rêve ou plutôt de la volonté d'accomplissement de nos rêves personnels. On retrouve un peu de Capra dans le traitement de ce sujet, bien plus difficile cependant, même si l'apparence semble prouver le contraire. La douceur employé rappelle celle de Totoro, Le Vent se lève s'en rapproche d'ailleurs beaucoup. Miyazaki nous parle d'un monde réel envahis par la fantaisie, ici celle de Jirō Horikoshi, un concepteur d'avion qui ne cesse de regarder le ciel pour rêver de ses inventions. Notre cinéaste traite toujours avec fraicheur de cette frontière entre le rêve et la réalité, chose que Satoshi Kon n'aura jamais vraiment réussis à faire subtilement de son vivant. Ce film démontre une nouvelle fois que ce vieux monsieur possède toujours une grande inventivité, j'ai même trouver sa réalisation encore plus soigné qu'auparavant. Il ose des effets de mise en scène véritablement beaux et poétiques qui ne se trouvent jamais vulgaires ou prétentieux, juste magiques et propices à la rêverie. La musique de Joe Hisaishi nous aide comme toujours à rentrer dans cette fantaisie et à nous envoler dans un flux constant d'émotions. J'ai d'ailleurs trouver que le thème principal ressemblait à celui du Château dans le Ciel ce qui est loin d'être un hasard à mes yeux.
La sensibilité de Miyazaki est très frappante dans ce film, cela se sent beaucoup au travers de simples décors qui sont d'une beauté remarquable. On ressent d'ici tous le travail de repérage qui fut nécessaire. Dans presque chaque scène une ambiance particulière se ressent, comme une odeur qui se dégage de ces couleurs savamment disposées et aussi de la finesse des traits. La bande son à aussi bénéficier d'un grand soin, les moteur des avions tout particulièrement qui émettent un mélange de fantaisie (on croirait entendre des bruits venant de bouches) mais aussi de rigueur de la mécanique nécessaire à leur fonctionnement. Hayao à toujours eu une grande affection pour ses personnages et c'est encore une fois le cas ici. De magnifiques personnages nous sont illustrer et Miyazaki en prend grand soin. En les éloignant de tout jugement, il les laisse pleinement s'épanouir. Jirō Horikoshi est un personnage universel qui fait tout autant écho à Miyazaki qu'à nous mêmes et son parcours, une fois analysé, nous appelle à une certaine remise en question. Mais le tout dans la légèreté, le propos est loin d'être lourd, il est même tellement fin que certains passeront surement à côté.
Je ne vais pas monter sur mes grands chevaux et vous dire qu'il s'agit du plus grand film du cinéaste, non et non, ce ne serait qu'idiotie. Chacun a ses films favoris selon son vécu et sa façon de voir. A quoi cela servirait même de dire qu'il s'agit du film le plus personnel du cinéaste? Seul Miyazaki le sait et c'est son seul problème. Dans mon cas je ne peux reconnaître qu'une chose, j'ai pu voir une oeuvre magnifique où un cinéaste mature use du plein potentiel de l'art de l'animation pour nous conter une histoire émouvante et dense dans son fond. Et c'est bien là l'essentiel.