Le Vent se lève
7.3
Le Vent se lève

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (2013)

Faut-il distinguer l'oeuvre de l'artiste ?

Ce titre ne s'adresse pas à Miyazaki, mais au héros mis en scène.


Reprenons.


Ce film est le plus "adulte" des films de Miyazaki. Pas de SF, pas de bestiaire particulier, pas de bâtiment improbable.
Mais pas de réflexion écologique non plus. Même les femmes ont perdu leur rôle de sauveuse du monde. Quant à la guerre, ça, c'est l'origine de ma perplexitude. Mais j'y reviendrai.


Au final, la seule vraie obsession qui reste, c'est les bécanes volantes.
Mais plutôt les vraies, et plutôt les avions de guerre.


Restons un instant positif :
- L'histoire est très belle, et l'interpénétration de l'histoire intime de Jiro et de sa passion pour les machines volantes est parfaitement réussie. La patte du réalisateur est parfaitement visible, dans la finesse de l'approche de l'histoire d'amour, de sa réalisation étalée sur des années, dans le temps pris à tout disposer. Même la passion de l'ingénieur est palpable. C'est coché.
- Prêtez attention aux plans. La campagne est superbement interprétée, de vrais tableaux, certains plans fixes qui posent une ambiance plus qu'une animation, avec une minutie remarquable. Idem pour les avions, les maisons, tout. A certains moments, je me suis demandé si Miyazaki ne mettait pas un peu de synthèse dans ses dessins. Sur les rivières qui coulent, sur le vent qui souffle dans les feuilles, sur les gouttes d'eau qui tombent sur les fleurs. Bref, magnifique.


Mais je reste perplexe.


Pourquoi ?
La guerre est certes évoquée et dénoncée, mais jamais, jamais, Miyazaki ne questionne la conscience de Jiro quant à sa participation à cette guerre via la conception du chasseur zéro, via la collaboration avec les nazis. Non, Jira, est pur, vierge, il sort indemne de cette histoire de ce point de vue. Il n'est pas coupable, il ne se questionne pas. C'est un ingénieur qui assouvit sa passion. Et on a l'impression que c'est sa passion qui le sauve.


L'angle choisit n'est pas celui-là et ça me questionne. Ma conviction est qu'on ne peut pas, qu'on ne peut pas complètement distinguer l'oeuvre de l'artiste. Et que celui qui conçoit une machine de mort, ne peut pas être complètement exonéré de responsabilité.


Pourquoi pas ? Mais l'oeuvre entière de ce réalisateur est, entre autres, peuplée de cette dénonciation de la guerre. D'où ma perplexitude sur ce sujet, du début à la fin.

John-Peltier
7
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le 30 nov. 2021

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John Peltier

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